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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/397

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travaux à venir. Je suis allé chez le libraire, correspondant de Lemerre, qui a déjà vendu pas mal de mes volumes : il en attend d’autres et va les pousser ferme dans la colonie étrangère qui achète beaucoup de livres nouveaux. En un mot, je vais devenir dans quelques jours la fable de Pau ; mais j’ai un moyen de parer à tous les obstacles : je fais le malade.

J’ai visité aujourd’hui le château : il y reste peu de chose, quelques vieux meubles, en petit nombre, le lit de Jeanne d’Albret, le berceau d’Henri IV, et, ce qui vaut mieux, de fort belles tapisseries de Flandres, d’un coloris admirable. Hier le coucher du soleil sur les cimes blanches des Pyrénées, qu’il teignait en rose, a été un spectacle réellement sublime. Les montagnes, vues de loin, ont une poésie toute particulière, très vaste, très calme, et que j’avais peu sentie l’an passé. J’étais sans doute en proie à des préoccupations de malade qui m’en empêchaient. Bref, je ne m’ennuie pas, et me porte très bien. Et vous ? qu’Annette me tienne bien au courant de la santé de maman. Avez-vous pu faire entendre les Deux douleurs à ces excellens Haag ? J’ai reçu ce matin une lettre de Lemerre dans laquelle il me répète de ne pas faire d’économies, qu’il est sûr du succès de son édition. N’en faites non plus qui puissent être contraires à vos santés. Depuis que je suis en province, je constate un fait assez intéressant en politique : c’est la popularité, chaque jour croissante, du ministère Ollivier. On a confiance en lui et en ses collègues ; on les soutiendrait, je crois, eux et leurs principes, si on dissolvait la Chambre et s’il fallait revoter. C’est assez rassurant, n’est-ce pas ? Dites cela à Sindico qui est un olliviériste.

Au revoir. Je vous embrasse toutes deux comme je vous aime, de tout mon cœur et de toutes mes forces.

FRANCIS.


Mercredi matin.

Ma bonne maman, ma chère Annette,

Quand donc tout cela sera-t-il fini ? Vous avez lu la note du Figaro ; elle est très perfide et publiée au bon moment. Enfin nous n’avons plus qu’à attendre la première sans être ni trop nerveux ni inquiets. Dumas a passé quelques heures à Pau. — — « Embrasse-moi, homme de talent, » m’a-t-il dit quand je