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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/437

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mai 1910[1] ; la direction algérienne des chemins de fer s’occupe présentement des tarifs de grande vitesse ; en même temps qu’unifiées, les taxes ont été sensiblement abaissées, double avantage pour les chargeurs. L’emprunt de 1908 prévoit le renforcement de plusieurs lignes existantes par des travaux trop longtemps différés, et la construction de lignes nouvelles ; l’ensemble des réseaux algériens sera porté, celles-ci achevées, à 4 150 kilomètres ; ce ne peut être un chiffre définitif, mais l’étape, dès maintenant franchie, était probablement la plus dure ; il est de principe, désormais, que les chemins de fer sont un organe, et l’un des plus vitaux, de cette stratégie pacifique que l’on nomme colonisation.

Le maintien de l’ancienne division départementale, peu conforme aux originalités de l’Algérie, n’a pas permis encore de concentrer les progrès sur quelques ports seulement ; l’administration algérienne n’a pu totalement échapper aux influences d’éparpillement qui ont été certainement, en France, l’une des causes de la décadence de notre marine marchande. Alger, Oran, Bône et, à un moindre degré. Bougie, nous paraissent les seuls ports pour lesquels il y ait lieu de consentir de grands sacrifices ; les trois premiers, dans ces dix dernières années, ont été heureusement transformés ; chacun a, dans la colonie, son rôle particulier à jouer, et leurs Chambres de commerce travaillent en conséquence, aussi bien que le gouvernement général. Bône est le port des régions de cultures variées et des mines de l’Est ; Oran, le point de concentration d’une zone moins diverse et plus ouverte, la tête de ligne de l’expansion française vers l’Ouest et le Sud-Ouest du Maghreb ; Alger enfin, la capitale économique de la région le plus anciennement colonisée, une station de relâche sur une route maritime très fréquentée, la capitale intellectuelle aussi de toute l’Afrique franco-musulmane. Toutes ces nuances n’étaient pas sensibles, dans l’Algérie des rattachemens ; nous les voyons maintenant s’accuser et s’éclairer chaque jour.

Mais l’Algérie ne se suffit pas à elle-même ; et ce n’est pas d’elle seule qu’il dépend d’assurer ses relations extérieures. Les contrats des services maritimes, péniblement organisés par la loi du 11 janvier 1898, ont été, faute d’une discussion opportune

  1. Le Bône-Guelma n’a pas disparu du fait de ce vote ; il reste une compagnie exclusivement tunisienne. Voyez, à ce sujet, l’étude de M. Lacour-Gayet, dans la Revue du 15 mai 1911.