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Enfin les réunions de Congrès qui se tiennent en Algérie, les caravanes de touristes, les Expositions sont des procédés non négligeables de publicité loyale et de « brassage social. » En 1902, les Sociétés françaises de géographie, saisissant l’occasion d’un problématique millénaire, se réunirent à Oran ; d’autres groupes sont venus depuis, de la Ligue de l’enseignement, des mutualistes, des gymnastes, etc. ; il n’y a pas une fédération tant soit peu vivante qui ne propose à ses adhérens, aux vacances de Pâques en général, l’attrait d’une tournée en Algérie ; et nous ne séparons pas la Tunisie de l’Algérie. N’a-t-on pas organisé naguère une excursion parlementaire dans l’Afrique du Nord, — on dit qu’elle fut riche en découvertes, — et, cette année même, un groupe de députés ne projetaient-ils pas une tournée d’études dans la Chaouïa marocaine ? Le beau vignoble de Bougie, si justement appelé lyonnais, date d’une visite de quelques conseillers généraux du Rhône, en 1880, et nous pourrions citer d’autres cas plus récens d’œuvres considérables, toutes françaises, nées d’enquêtes de ce genre.

Les Expositions de l’Algérie n’ont plus le caractère d’attractions plus ou moins licencieuses reproché à des manifestations plus anciennes. L’utilité en fut exactement expliquée, au cours d’une discussion des Délégations, en mai 1905, à propos de l’Exposition coloniale de Marseille ; l’exotisme y est désormais sacrifié à la documentation sérieuse, sans que le pittoresque y perde nécessairement rien : ainsi le service de la colonisation est fort agréablement présenté dans une maison de colon, celui des forêts dans un coquet pavillon tout entier construit en bois du pays. Ces leçons de choses n’ont pas été données seulement en France, mais en Belgique, en Angleterre ; il nous souvient du plaisir avec lequel les visiteurs anglais de l’Exposition de Londres, et, parmi eux, des coloniaux experts, détaillaient la section de notre Algérie. De telles exhibitions provoquent au tourisme ; très justement les pouvoirs publics encouragent, en Algérie, les syndicats d’initiative, les comités de propagande et d’hivernage ; il n’est pas indifférent de publier que, si la chasse au lion n’est plus qu’un souvenir dans l’Atlas, des sociétés d’alpinistes et de skieurs réservent les surprises les plus attachantes aux amateurs de ces sports, dans la Kabylie, l’Ouarsenis, même aux portes de Blida. L’Algérie pacifiée, colonisée, frayée,