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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/692

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à la terre jaune et de remonter le minerai, abattu à coups de pioche ou de marteau, par des gradins ou des échelles. Des treuils furent alors installés et, pour la facilité du transport, des routes furent ouvertes entre les rangées de claims (1873). À ce moment-là, le spectacle offert par la mine était des plus pittoresques : plus de 1 600 câbles aériens, actionnés par les treuils et servant à l’extraction du minerai des 1 600 propriétés entre lesquelles elle était partagée, formaient au-dessus d’elle comme une vaste toile d’araignée. À ce moment aussi, grâce à le friabilité de la terre jaune, le prix de revient du diamant était relativement très bas, et tout de même, ce qui se comprend aisément, son prix de vente encore très élevé. Mais l’exploitation ne s’en faisait pas moins avec un désordre absolu : les déblais, entassés pêle-mêle autour de la mine, formaient des monticules, excessivement gênans, atteignant parfois de 7 à 8 mètres de hauteur ; d’ailleurs, le reef, quand il est schisteux (et c’est le cas à Kimberley), une fois mis à jour, s’effrite rapidement sous l’influence du soleil, de l’air, de la pluie et des eaux de sources. Aussi, au bout de peu de temps, des éboulemens commencèrent à se produire, de l’eau à s’amasser au fond de la mine. Puis, à mesure qu’on allait de l’avant, la terre jaune, si facile à traiter, était remplacée par de la terre bleue, que l’on ne peut sérieusement entamer que par la poudre ou la dynamite.

Une crise terrible, que les connaisseurs avaient vue venir, éclata (1874), et les mineurs isolés, qui n’avaient pas les capitaux suffisans, durent laisser la place à des sociétés. La mine n’en avait pas moins produit, en quelques années, une immense quantité de diamans : beaucoup des premiers travailleurs firent fortune en moins d’un mois (l’un d’eux, en quinze jours, en trouva pour plus de 250 000 francs). Toutefois, l’eau manquait (en 1881, P. Dreyfus la payait encore 3 fr. 75 la barrique) et cette pénurie d’eau causait des pertes considérables, pertes de temps, pertes d’argent, car les petits diamans (on le comprend aisément d’après ce que nous avons dit plus haut) échappaient souvent aux mains les plus expérimentées.

Il fallut se décider à creuser des puits, et chercher à utiliser le mieux possible les quelques dépressions de terrain, appelées pans, qui, à la suite des pluies (car il pleut dans le Karoo, moins qu’à Paris, mais plus qu’à Madrid) pouvaient eu contenir : et c’est ce qui fut fait. Il y eut alors une grande amélioration dans