Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/711

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semble résulter, aussi, de l’action, sous pression, de carbonates alcalins, tels que le carbonate de soude, sur des roches métamorphiques (calcaires cristallins, dolomie, etc.). De même pour le rubis et le saphir : leur genèse est soit dans l’action minéralisatrice de vapeurs telles que celles du fluor, du chlore, du brome, etc., sur des roches granitiques à peine refroidies, soit encore dans l’action, sous pression, de carbonates alcalins sur des calcaires métamorphiques.

Toutefois, nous nous reprocherions de passer sous silence la genèse du diamant telle que la conçoivent encore à cette heure la plupart des géologues, telle que la concevait l’illustre Daubrée, car, nous l’avons déjà dit, cette question touche au problème passionnant de l’origine et du mode de formation même du globe.

On admet aujourd’hui que les météorites sont des roches provenant du démantèlement de certaines planètes et qui, apportées sur notre globe à travers les espaces célestes après avoir quitté leur premier centre d’attraction, sont venues nous révéler la constitution chimique de ces planètes, constitution dont il a été question plus haut. Mais il est raisonnable de penser que notre globe doit avoir la même constitution que les autres planètes, et un nombre considérable de faits le prouve. Par conséquent, il doit être constitué, en majeure partie, par du fer ou des alliages de fer, simplement isolés de l’atmosphère par, une couche très mince de scories qui, semblables aux laitiers des hauts fourneaux, se sont formées au moment de la solidification primitive, par la silice alliée aux métaux légers, cette couche de scories n’étant que superficielle. Mais à côté du fer se trouve, on l’a vu, dans les météorites, du carbone, et cela dans une proportion relativement considérable, plus de 5 pour 100. Or, il est très possible que le carbone contenu dans notre globe au voisinage du fer et du nickel soit, de même que dans les météorites, à l’état de dissolution dans ces métaux, en raison de la haute température de la masse et des pressions énormes, prodigieuses, auxquelles elle est soumise. Dans ces conditions, une crevasse ou une fissure se produisant dans l’épaisseur de l’écorce terrestre, une masse métallifère montant dans cette fissure et arrivant ou non jusqu’à la surface, peu importe, mais, en tout cas, « distillant son suc précieux, » laisse le carbone se solidifier et se cristalliser. Seulement, tout ceci, suivant M. Escard, se passe, contrairement à la théorie de Werth, d’une façon très lente,