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opportune. M. Asquith n’a rien abandonné de ce qu’il avait dit lui-même, ni de ce qu’avait dit M. Lloyd George, mais, en le rappelant et le précisant, il a mis tant de modération dans la forme que, bien que le fond n’eût rien perdu en énergie, la détente a été immédiate. « Je me bornerai, a-t-il dit en substance, à exposer la situation actuelle. Des conversations sont en cours entre la France et l’Allemagne ; nous n’y participons pas. Elles portent sur un sujet qui peut ne pas affecter les intérêts britanniques ; nous ne pouvons pas, avant d’en connaître l’issue, exprimer d’avis définitif sur ce point. Mais nous désirons que ces conversations aboutissent à une solution honorable et satisfaisante pour les deux parties, à une solution qui, le gouvernement de Sa Majesté peut le dire cordialement, ne porte en rien préjudice aux intérêts britanniques. Nous croyons que cela est parfaitement possible ; nous souhaitons vivement, sincèrement, qu’il en soit ainsi. Au Maroc même, la situation est hérissée de difficultés, mais hors du Maroc, sur d’autres points de l’Ouest africain, nous ne penserions pas d’intervenir dans des arrangemens territoriaux considérés comme raisonnables par ceux qui y sont le plus directement intéressés. Nous avons estimé qu’il était bon de faire nettement savoir dès le début que, si on n’aboutissait pas à une solution répondant aux desiderata que j’ai indiqués, il nous faudrait prendre une part active à la discussion de la situation. Ce sera notre devoir comme signataire de l’Acte d’Algésiras, et ce pourrait être notre obligation en conformité de notre accord de 1904 avec la France : ce pourrait être aussi notre devoir pour la défense des intérêts britanniques qui seraient immédiatement affectés par les événemens subséquens. À certains momens, nous n’étions pas sûrs qu’on eût bien compris cela, mais, je suis heureux de le dire, nous savons pertinemment aujourd’hui qu’il n’en est plus ainsi. La déclaration que j’ai faite ici, il y a plus de trois semaines, le discours que prononça ensuite ailleurs le chancelier de l’Échiquier ont, je l’espère et je le crois, établi d’une façon tout à fait claire que nous ne revendiquons ni prééminance ni prédominance, mais que nous réclamons la position d’une partie intéressée aux événemens qui peuvent se produire, une partie intéressée à voir se résoudre les difficultés actuelles. À notre sens, c’eût été une grande erreur que de laisser les événemens aller à la dérive et de permettre que l’affirmation des intérêts que nous y avons pût, survenant après notre silence, causer de la surprise et du ressentiment au moment même où cette affirmation serait devenue on ne peut plus impérieusement nécessaire. J’ai