Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 5.djvu/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LEVASSEUR


I. — LA CARRIÈRE ET LA VIE

Au lendemain du jour où les funérailles de Levasseur nous avaient réunis dans cette cour du Collège de France, dont chaque pierre évoque le souvenir des hommes illustres qui y enseignèrent, il nous fut donné de revoir le cabinet du second étage, où, durant huit années, l’administrateur de cette grande maison a vécu. C’est là que se poursuivait son fécond labeur, au milieu des livres et des documens soigneusement rangés, devant ce bureau où il était assis la plume à la main, couvrant les pages d’innombrables manuscrits de cette écriture fine et régulière que nous connaissions si bien, corrigeant des épreuves, accumulant dans des notes le trésor de son expérience et de ses réflexions. Parfois nous le trouvions debout devant une autre table, plus haute, où il s’accoudait, enveloppé de la robe de chambre qu’il ne quittait que pour revêtir la redingote du professeur et aller porter la bonne parole aux divers auditoires qui se pressaient à ses leçons, au Collège de France, au Conservatoire des arts et métiers, à l’Ecole des sciences politiques. Toute l’existence du grand savant était là : ses volumes de prix du lycée et du concours général, qu’il a légués à ses petits-fils, et dont il était justement fier, car dans l’écolier modèle germaient déjà les qualités d’ordre, de méthode, de clarté, qui distinguèrent l’homme à un si haut point ; puis ses propres ouvrages, dont la collection forme une bibliothèque et dont nous énumérerons les principaux en parcourant les divers domaines sur lesquels s’exerça sa merveilleuse activité, ensuite