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active aux travaux de l’Association pour l’instruction secondaire des jeunes filles, fondée par Duruy, et dont il devint le président en 1881. Chaque année, depuis lors, il présidait l’ouverture des cours, dont l’objet était de faire profiter les femmes des méthodes et des ressources dont l’Université dispose pour l’instruction des jeunes gens. Le soin et la précision avec lesquels il rendait compte de ce qui touchait cette branche de l’enseignement, montrent l’intérêt qu’il y portait.

Nous n’énumérerons pas les sociétés françaises et étrangères dont Levasseur fit partie. Les corps savans du monde entier se disputaient l’honneur de le compter parmi leurs membres : à beaucoup il apporta, sous une forme ou l’autre, le précieux concours de sa collaboration. Ce fut le cas, pour n’en citer que quelques-unes, des Sociétés de statistique de Londres, de géographie de Londres, des Pays-Bas, de Lisbonne, de Roumanie, de Berne, d’Italie, de Russie, de Madrid, de la Suisse orientale, de Genève. L’Académie hongroise des sciences, l’Académie royale des Lincei à Rome, l’Académie royale des sciences de Suède, l’Académie impériale des sciences à Vienne lui ouvrirent leurs portes. Le nom de Levasseur était connu dans le monde entier ; partout le savant était respecté, l’homme admiré et aimé. Dans toutes les sciences auxquelles il s’est adonné, ses travaux faisaient autorité. Nous allons essayer de les passer en revue.


II. — LE GÉOGRAPHE.

Levasseur est un de ceux qui ont le plus fait pour développer en France le goût et l’enseignement d’une science que nous passions autrefois pour ignorer. Je croirais volontiers, pour ma part, que la définition que les humoristes donnaient jadis du Français, « un homme décoré qui ne sait pas la géographie, » ne reposait que sur une amusante hypothèse, et j’ai toujours pensé que Napoléon Ier et ses lieutenans connaissaient bien la carte de l’Europe. Il n’en est pas moins vrai que, vers le milieu du XIXe siècle, l’enseignement public reléguait cette science au second plan, et que l’intervention d’hommes comme Levasseur exerça la plus heureuse influence sur cette partie des programmes de nos écoles. Dès 1862, son travail sur les Grandes routes du commerce faisait pressentir l’esprit dans lequel il allait