Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 5.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en France sous la troisième République, qui forment la suite et la conclusion de ce que nous pourrions appeler, d’un titre plus bref, l’Histoire des travailleurs en France. C’est un sujet qu’à aucun moment de sa carrière il ne perdit de vue. Il disait avec raison qu’à mesure qu’il se rapprochait de l’époque contemporaine, les difficultés de l’œuvre augmentaient. Celui qui est dans la mêlée voit de trop près les détails pour bien discerner les traits essentiels. Et cependant, ce cinquième volume ne le cède en rien aux précédens, tant l’impartialité de l’auteur, sa claire vision des hommes et des choses, lui ont donné la recul nécessaire à l’historien. Nul mieux que lui ne nous a exposé les progrès de l’industrie française depuis 1870, la législation qui la régit, les moyens de communication, le commerce intérieur et extérieur, l’évolution des doctrines économiques et socialistes, les lois ouvrières, les salaires et le coût de la vie, la fortune nationale, les associations professionnelles, les institutions de prévoyance, de patronage et d’assistance.

Cet admirable travailleur semble avoir toujours été attiré par une sympathie particulière vers d’autres travailleurs : il allait de préférence, dans l’histoire de l’humanité, à celle des hommes modestes, ignorés en tant qu’individus, dont l’effort collectif et incessant assure la vie des sociétés. A chaque page de ses écrits, à chaque moment de son existence, nous retrouvons cette idée, qui en forme comme un des leitmotive. La seule bibliographie de l’Histoire des classes ouvrières, rédigée par l’auteur, forme la matière d’un in-8o publié en 1903.

En 1863, Levasseur étudie Les quatre âges de la civilisation en Ecosse, et parcourt l’histoire de ce royaume, que des liens intimes rapprochèrent longtemps de la France. Il publie en 4863 un Précis d’histoire de France, plusieurs fois remanié dans la suite. Au cours des années suivantes, c’est la géogra- phie qui l’absorbe : il est préoccupé, après la guerre, d’en réorganiser l’enseignement. Ce n’est guère qu’en 1882 qu’il revient aux travaux proprement historiques par une Notice historique sur l’ancien prieuré Saint-Martin-des-Champs et sur le Conservatoire des Arts et Métiers, installé dans les mêmes bâtimens. Le Résumé historique de l’enseignement de l’économie politique et de la statistique en France, en 1892, l’Aperçu de l’histoire économique de la valeur et du revenu de la terre en France renouent la chaîne de ses travaux historiques. Sa dernière