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« Je vois que vous me traitez en ultra, mais de l’église des ultra-réformés par Mme de Duras et M. de Chateaubriand. En Angleterre et aux Etats-Unis, on nomme les sectes des persuasions. En France, on ne veut pas croire à la justesse de l’expression. J’accepte avec la plus vive reconnaissance votre aimable invitation pour mercredi. Je suis ultra et archi-ultra dans les sentimens passionnés de vénération que je vous porte. »

« De son côté, Mme de Rumfort[1] avait invité M. de Humboldt pour aujourd’hui, mardi, avec des libéraux ; mais il ne peut s’y rendre, étant engagé, et il lui a répondu par le billet suivant :

« Je suis bien vivement peiné, madame, de ne pouvoir accepter votre aimable invitation ; mais, je suis engagé pour demain, et je ne puis me démettre. Je ne manquerai pas d’aller vous offrir mes hommages dans la soirée, au concert. Je vis comme un missionnaire de l’Orénoque, ayant beaucoup à écrire sur les matières du temps. Je n’ai été à aucun des trois bals chez M. Newenham, chez le comte de Goltz et chez Lady Mansfield. Quelle vertu ! »

« 4 juillet 1818. — Aujourd’hui, à quatre heures après-midi, le baron de Humboldt est allé chez la sœur du duc de Richelieu, Mme de Montcalm, et on croit qu’ils sont allés dîner ensemble à la campagne, car Mme de Montcalm lui a écrit une lettre hier, par laquelle elle prie M. le Baron de Humboldt de lui conserver quelques instans entre trois et six heures pour lui demander des conseils sur un objet qui l’occupe depuis quelque temps et elle le prie de garder le secret sur cet objet très important de sa consultation. »

« 6 juillet. — Mme de Montcalm a écrit, vendredi soir, la lettre suivante à M. de Humboldt ; le baron s’est rendu avant-hier à quatre heures, chez cette dame :

« Je regrette bien que M. de Humboldt m’ait procuré si peu de plaisir de le voir en toute sûreté, à Paris ; je le prie de me conserver un matin (entre trois et six heures) quelques instans, désirant lui demander des conseils, sur un objet particulier qui m’occupe beaucoup, et le priant de me garder le

  1. Veuve en premières noces de l’illustre Lavoisier, guillotiné sous la Terreur, elle s’était remariée au célèbre économiste, le comte de Rumford et redevint veuve en 1814.