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« secret sur l’objet très important de ma consultation. Je lui rendrai ensuite son entière liberté. En le priant d’excuser mon importunité, je ne pourrais me la reprocher, puisqu’elle me procurera le plaisir de renouveler à M. de Humboldt, l’assurance de mes sentimens[1]. »

« 9 juillet. — Je ne sais si on pourra avoir sans inconvénient la lettre de Mme de Montcalm ; dans tous les cas, ce ne pourra être que demain. En attendant, j’envoie le rapport original du domestique, qui assure avoir copié sur place la lettre, le plus fidèlement possible.

« Je n’ai pas le moindre doute sur l’existence de cette lettre, sauf quelques mots que le domestique aura pu estropier, car il est fort ignorant. Cet homme, du reste, a toujours été de bonne foi. Par exemple, la lettre de M. de Humboldt, datée de Londres, le 30 juin, m’a été apportée en original, je l’ai lue, et elle a été transcrite exactement.

« En relisant le billet de Mme de Montcalm, je vois bien une chose qui m’étonne, c’est le rendez-vous demandé entre trois et six heures du matin. Le rapport ci-joint du domestique prouve qu’on a voulu dire le soir, puisque ce jour-là, à quatre heures (samedi dernier), M. de Humboldt est allé voir Mme de Montcalm.

« P. S. — Je quitte l’agent qui est en relations journalières avec le domestique ; pas le moindre doute que la lettre de M me de Montcalm est bien réelle. Il était présent quand elle a été copiée. Au surplus, rien ne prouve que cette lettre ait trait à la politique ; mais, quant à la chose même, j’en suis sûr, autant que si j’avais vu l’original. »

On voit combien se trompait le duc de Richelieu lorsqu’il affirmait qu’il n’y avait aucun rapprochement entre sa sœur et Alexandre de Humboldt. Il est d’ailleurs d’autres billets qui prouvent qu’ils étaient en relations. En voici un :

« M. de Humboldt est bien sûr du regret, et même de la peine que j’ai éprouvée en apprenant qu’il avait passé chez moi, et que je n’avais pas profité de son obligeance. J’étais descendue chez ma sœur[2] qui recevait quelques personnes auxquelles

  1. Au bas de la copie de cette lettre, le duc de Richelieu a écrit : « Je voudrais parier qu’il n’y a pas un mot de vrai ; ma sœur n’a pas le moindre rapprochement avec M. de Humboldt. »
  2. La marquise de Jumilhac, dont le fils hérita du titre de duc de Richelieu.