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suis privé, depuis des années, de tous les livres dont je pouvais avoir besoin, même pendant de longues études, mais j’ai fait d’assez grandes dépenses d’autre part ; sans cela, il ne me manquerait donc rien absolument, pas même de me trouver infiniment mieux que dans les affaires si épineuses du moment, qui n’ont jamais été de mon goût.

« Si d’un autre côté, comme cela est très possible, on satisfait à mes demandes, et qu’on m’envoie en Angleterre, je n’en serai pas mécontent non plus. Il y a, à côté des affaires, des études bien importantes à faire dans ce pays, qui me manquent à présent, et auxquelles je m’abandonnerais alors. J’y passerais quelques années avec beaucoup d’intérêt.

« Je t’ai déjà écrit dernièrement, cher Alexandre, que je ne compte pas passer par Paris, en me rendant à Londres, mais que je me flatte pourtant que tu voudras venir me trouver dans les Pays-Bas, pour m’accompagner, et pour rester quelque temps avec moi à Londres. Ce serait un plan délicieux et auquel j’attache le plus grand prix. Je viendrais plus tard moi-même à Paris, après avoir pris une maison à Londres, et m’y être complètement installé. »

Quelques semaines plus tard Guillaume était nommé à Londres, et de là il écrit à son frère :

« Londres, 23 octobre 1817. — Tu dois avoir reçu une lettre, mon cher Alexandre, longtemps après que les tiennes étaient parties. Tu y auras vu que je n’ai pas passé par Calais, mais que j’ai préféré le trajet le plus long. Si j’étais seul comme à présent, je serais tenté de le faire toujours. On voit si peu la mer qu’il serait mal fait de ne pas profiter des occasions où cela peut se faire sans inconvénient. J’ai passé délicieusement ma journée entre (illisible) et Harwik. La mer était agitée, mais le ciel s’éclaircissait de temps en temps : je n’ai pas quitté le tillac, excepté pour dîner, jusqu’à onze heures que je me suis couché. Je n’ai pas eu le moindre sentiment de malaise, quoique tout le monde autour de moi fût malade. J’ai vu déjà plusieurs fois Hamilton et Canning, ils m’ont parlé avec grande affection de toi : mais il n’est pas facile, à peine possible de cultiver beaucoup leur société. A présent encore, tout le monde est à la campagne et ne reste que peu d’heures pour soigner quelques affaires.

« Je suis infiniment heureux de voir que tu penses sérieusement