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suite. J’ai la plus grande impatience de te revoir. Tout est arrangé pour le mieux. Ne loge pas chez R... Je demeurerai, dès après demain soir, dans une maison Portland Place 17. Tu trouveras ta chambre toute préparée, et je te prie de descendre, dans tous les cas, chez moi. Je suis bien fâché de ne pouvoir loger également Arago ; les maisons anglaises sont si ridiculement petites ! Mais je lui conseille de se loger à Moring hôtel Street, Manchester Square. Il sera près de nous et également bien. »

Le dossier que nous compulsons reste muet jusqu’à la fin d’août 1818. À cette date, Guillaume, qui n’a pas quitté Londres, y attend de nouveau son frère et se réjouit de le revoir après une séparation de dix mois.

« Londres, 27 août. — Je ne saurais assez te remercier de ton aimable lettre du 22, et de la certitude que tu y donnes de l’embrasser sous peu. Te voir bientôt ; te voir pour le moins pendant trois semaines, te posséder chez moi, dans ma maison, tout cela m’enchante et me rend également heureux. »

Le séjour d’Alexandre à Londres fut abrégé par la nécessité où se trouvait Guillaume de se rendre au Congrès d’Aix-la-Chapelle. Là, les occupations de celui-ci se multiplièrent et l’absorbèrent. Ce n’est que bien après la fermeture du Congrès qu’il put se rappeler au souvenir de son frère.

« Francfort, 14 décembre. — Je te demande mille fois pardon de ne pas t’avoir écrit jusqu’à ce jour, mais j’ai tellement été par voies et par chemins, depuis que j’ai quitté Aix-la-Chapelle, que je n’ai guère eu de loisir. D’ailleurs, dans les premiers jours, je n’avais rien à te dire qui pût t’intéresser beaucoup.

« Je me flatte que tu seras arrivé heureusement à Paris, et que tu y continues tes travaux avec une ardeur redoublée ; j’espère aussi que l’impression va à ton gré. A propos, qui est donc un certain sir Jackson qui est tombé ici chez moi, prétendant te connaître, et savoir toutes nos relations avec feu M. Storn ? Il n’a été qu’un quart d’heure chez moi, et n’a pas cessé de faire des questions sur tout ce qui nous regarde. Comme cela ne me paraissait pas trop plaisant, je lui ai répondu assez froidement, je n’ai rien pu apprendre ici à son égard.

« J’ai eu le fameux entretien avec qui tu sais[1], premièrement,

  1. Le chancelier prince de Hardenberg, avec qui il s’était trouvé en désaccord, sur la politique du moment et à qui il avait donné sa démission de ministre à Londres.