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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 5.djvu/198

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peuple, introduit une égalité de droits parmi les citoyens, plus parfaite que celle dont jouissent les États les plus anciennement constitués, cet attachement, dis-je, éloigne en Allemagne les craintes d’une révolution funeste. Mais il est des états de malaise et de tiraillement dont l’influence croissante ne laisse pas aussi d’entraver la marche des gouvernemens : des mesures utiles paraissant alors aux ‘Princes les mieux intentionnés des concessions qui peuvent encourager, enhardir les malveillans et placés entre les peuples et les Princes, les plus grands hommes d’Etat ne pourraient plus à la longue trouver l’issue de ces labyrinthes de préventions et d’erreurs. Cette crainte, monseigneur, n’est pas celle qui m’agite ; je connais la difficulté de votre position, mais je sais aussi ce que vous possédez d’élévation dans la pensée, d’indépendance d’opinion, d’ascendant sur les esprits.

« En relisant cette lettre, je me suis demandé si je devais la laisser partir. Je pense qu’elle ne renferme rien qui ne respire le vif attachement que je vous porte. Faites-moi la grâce de ne pas dire à mon frère que j’ai parlé de lui ; je ne veux pas que vous répondiez sur aucun des objets que j’ai traités, je sais respecter votre temps ; mais je serais pourtant rassuré si vous daigniez m’écrire deux lignes de votre main pour me dire que cette lettre ne vous a pas déplu. Je puis demander cette grâce à votre ancienne amitié pour moi.

« J’entends dire à tous ceux qui nous arrivent que jamais vous n’avez été mieux portant, jugez du plaisir que cela me cause. »

Cette lettre était partie depuis quelques jours lorsque Alexandre en reçut une de Guillaume qui lui annonçait son entrée prochaine au pouvoir, mais laissait pressentir de prochains embarras ministériels par suite de la divergence d’opinions qui existait entre le chancelier et lui.

« Berlin, 13 août 1819. — Cher Alexandre, je suis ici depuis quinze jours, et j’entrerai en fonctions très prochainement. Il ne me reste que peu de moment, et je ne puis te dire que ce qui pourra principalement t’intéresser dans ma nouvelle position.

« Le Chancelier est aimable et amical au possible, mais comme je trouve assez singulier qu’il s’imagine qu’il ait pu premièrement me maltraiter en quelque façon et qu’il n’ait besoin