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peut désormais abandonner son élève : il en sait plus long que lui.

Comme Giacomo a toujours attaché une importance extrême aux productions de son esprit et qu’il a pris soin d’en garder des copies et d’en dresser des catalogues, nous pouvons le suivre dans sa carrière d’écolier. Mais le mot convient à peine ici, s’il est vrai qu’à onze ans, il est déjà capable de traduire en vers les deux premiers livres des Odes d’Horace ! Il s’exerce dans les genres les plus différens ; il écrit nombre de dissertations latines, à l’âge où les autres abordent à peine les déclinaisons. On le voit qui assouplit son style et enrichit son vocabulaire en traitant toute sorte de sujets : il montre que la vertu est la seule et unique noblesse ; ou bien il dépeint l’hiver ; ou bien il se lamente avec Eve sur la mort d’Abel ; ou bien il prie saint François de Sales de délivrer son âme des tentations : Obsecratio divo Francisco Salesio, ut animam ab illecebris tueatur. Ses vers italiens révèlent une gymnastique analogue, qui le rend maître de tous les procédés de l’art. II met une sorte de coquetterie à varier les mètres et les rythmes : les sonnets ou les odes, les canzoni ou les fables, les sciolti, les martelliani, la terza rima, n’ont plus de secret pour lui. Qu’on étudie à ce point de vue son Caton en Afrique, écrit en 1810 : le sujet se développe dans une série de petits poèmes, de forme différente, dont quelques-uns constituent de véritables tours de force de virtuosité. — Cependant il n’est pas d’écrivain de mérite qui ne tienne à honneur de compter dans ses œuvres au moins une tragédie. Giacomo sait que son père lui-même a tenté une entreprise si honorable et si périlleuse. Il a eu entre les mains le volume qui devait être le premier de ses œuvres complètes, et qui contient, avec des poésies lyriques et une comédie, une tragédie intitulée Montezuma. Monaldo a dû interrompre la publication, au moment de la réforme financière : mais il a dans ses cartons deux tragédies encore, tout achevées. Le fils se pique donc d’émulation ; il ébauche, sans la finir, une Vertu indienne ; puis il mène à bien un Pompée en Egypte, qu’il offre à son père dans un français savoureux : « Très cher père, encouragé par votre exemple, j’ai entrepris d’écrire une tragédie. Elle est cette que je vous présent. Je ne ai pas moins profité des vôtres œuvres que du votre exemple. En effet il paraît dans la première des vôtres tragédies un monarque des Indies occidentelles, et un