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Si la vieille cité épiscopale reste pendant deux cents ans la capitale d’une bonne moitié des Pays-Bas, elle le doit en partie à l’ardeur de sa foi. Jusqu’à la (in du moyen âge, sa procession est tenue pour une sorte de cérémonie nationale où les pèlerins flamands se rendent en foule et à laquelle les Gantois étaient encore représentés au XVIe siècle.

Valenciennes, — comme Tournai et Cambrai, — doit sa richesse médiévale à la pratique de l’industrie flamande par excellence : la fabrication des draps. Au XIVe siècle, un grand luxe régnait ici comme dans les autres villes drapières des Pays-Bas, et l’art y prenait un essor vigoureux. Déjà au XIIIe siècle, Valenciennes organisait des concours de poésie et tout de suite aussi, l’art plastique y eut des représentans remarquables. C’est un architecte appelé Jean de Valenciennes qui commence, en 1436, l’Hôtel de ville de Bruges. Deux ans auparavant, un autre maître hennuyer, aux rares facultés, spécimen avant la lettre des maîtres universels de la Renaissance, André Beauneveu, — probablement de Valenciennes, — avait été mandé en Flandre pour l’exécution du tombeau de Louis de Mâle à Courtrai. Architecte, peintre, tailleur d’images, enlumineur, nous le rencontrons de 1364 à 1390 successivement à la Cour de France, chez le duc de Berry et le comte de Flandre. « Au-dessus ce maître, Andrieu n’avoit pour lors, — dit Froissart, — meilleur ni le pareil en nulles terres, ni de qui tant de bons ouvrages feust demouré en France ou en Haynnau dont il estoit de nacion, ou royaume d’Angleterre. » L’inventaire de la librairie du duc Jean de Berry (1401 à 1403) attribue à Beauneveu des « Petites Heures » que l’on a identifiées avec un psautier de la Bibliothèque nationale où douze figures d’apôtre, alternant avec douze figures de prophètes, manifestent tous les signes de l’éclectisme régnant alors dans la miniature septentrionale : maniérisme gothique des draperies, réalisme tempéré des visages, italianisme du décor. Ce qui est conservé des œuvres de Beauneveu témoigne surtout de son génie sculptural ; maître Andrieu est le plus grand « maistre ouvrier de thombes » de son temps. Ses effigies royales de Saint-Denis l’attestent amplement et les sculpteurs de son temps comme ceux qui devaient briller immédiatement après lui, — tel Claes Sluter,