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En 1509, il est chargé de laver, restaurer et vernir les armoiries des chevaliers de la Toison d’Or suspendues dans le chœur de la cathédrale de Saint-Donatien et d’y ajouter six nouveaux panneaux. La même année, Johan Provoost ravive la polychromie d’une partie du jubé de la même église. Quatre ans plus tard il exécute pour les magistrats brugeois huit cartes topographiques dont l’une représente le Zwin ; en 1516, il fournit le plan d’une voûte en chêne pour le chœur de Saint-Jacques ; en 1520, il collabore aux décorations qui ornèrent Bruges à l’occasion de la joyeuse entrée de Charles-Quint ; en 1521, il offre un dîner à son illustre confrère Albert Dürer de passage à Bruges. Rien ne ressemble à la carrière d’un peintre du XVIe siècle flamand comme celle d’un peintre du siècle précédent... Marié trois fois, Jean Prévost avait épousé en premières noces Jeanne de Quaroube, veuve de Simon Marmion (morte en 1506), ce qui a fait supposer que notre peintre montois avait été l’élève du « prince d’enluminure. « Pour nous, Jean Prévost est bel et bien un représentant de l’école anversoise inaugurée avec tant d’éclat par Quentin Metsys. Il peignit, en 1525, pour l’Hôtel de Ville de Bruges un Jugement dernier, aujourd’hui au Musée communal où la transparence du coloris, le mouvement gracieux et un peu contraint des figures nues disent l’amour du maître montois pour le nouveau style. Autour de lui vivaient, à Bruges, Gérard David et ses disciples, que la nouvelle esthétique italianisante entraînait peu à peu et chez qui se font jour de curieuses préoccupations de clair-obscur léonardesque. Partisan des nouveautés, Prévost ne manqua pas d’adopter ces dernières. On en peut juger dans son triptyque de Jean van Riebeke (musée de Bruxelles) exposé à Charleroi avec le Jugement dernier de Bruges. Prévost mourut en 1529. Dürer lui avait fait l’amitié de dessiner son portrait. Ce délicieux crayon — monogramme — est conservé au musée de Weimar et passait jadis pour représenter Patinir, le peintre dinantais.

Mons ne sut point retenir un autre peintre de marque au- quel elle donna le jour deux ans avant la mort de Prévost, Nicolas Neufchatel, appelé aussi Colyn van Nieucastel, Nicolas de Novocastello et surtout Lucidel (Nutzschideel). Cet artiste ne se contenta même point d’élire domicile dans une autre ville des Pays-Bas. Il vécut en Allemagne et mourut vraisemblablement à Nuremberg en 1590. Élève à Anvers de Pierre