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nos peintres d’une esthétique italianisante déjà vieille d’un siècle.

Nous ne pouvons assigner à cette étude le cadre que les organisateurs de l’exposition de Charleroi ont rêvé pour leur démonstration ; nous devrions disposer d’un espace double, et l’on peut trouver que nous avons multiplié outre mesure nos monographies abrégées. Au surplus, avant le XIXe siècle, on ne rencontre plus en Wallonie que des talens sans éclat et un maître que l’on soumettrait plus difficilement encore que tous ses compatriotes gothiques ou renaissans à une classification régionaliste : Watteau.

Terminons par une énumération. Malgré leur titre, les « Arts anciens du Hainaut » ont fait une place à la peinture liégeoise. Lambert Lombard (né en 1505, mort en 1566) fut un grand chef d’atelier aux aptitudes multiples ; il n’était guère permis de se faire une haute opinion de sa peinture d’après les tableaux inscrits sans preuve à son catalogue. La révélation à Charleroi d’une de ses œuvres authentiques, — une Descente de Croix de la collection Meses, — ne grandira point son prestige comme peintre. Du moins apprenons-nous par ce tableau que le charme de Jean Mabuse ne subsiste guère chez Lombard (élève du peintre de Maubeuge), mais qu’en revanche, le maître liégeois possédait déjà la furia un peu grossière de son terrible disciple, Frans Floris, le plus roman de nos peintres avant Rubens. Gérard Douffet et Berthollet Flémalle, de Liège aussi, sont d’honnêtes épigones de Rubens. Gérard de Lairesse, de Liège encore, mort à Amsterdam en 1711, est célèbre pour avoir malmené Rembrandt devant des publics hollandais. Enfin Defrance (1725-1805) est un aimable et joyeux conteur de mœurs liégeoises du XVIIIe siècle. Namur peut également citer un peintre, Nicolas La Fabrique, mort à Liège d’ailleurs, après 1736, dont le musée de Bruxelles possède une bonne étude physionomique : le Compteur d’argent (prêté à l’exposition). Au XVIIe siècle, l’atelier de Michel Bouillon, peintre de fleurs et de natures mortes, attirait à Tournai de nombreux élèves de 1639 à 1677 ; au XVIIIe siècle, deux peintres tournaisiens sont encore à citer : Théobald Michaux, qui peignait d’amusantes vues de villes, et surtout P J. Sauvage dont les grisailles sont recherchées