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LA JACQUERIE D’ANGLETERRE

La secousse imprévue qui vient d’ébranler un instant le rocher capitolin de l’ordre britannique est de celles qui évoquent avec force les exemples antérieurs de trouble et de désarroi présentés par l’histoire d’outre-Manche. La Grande-Bretagne, tout autant que la France continentale, a connu les révolutions politiques, dont elle a su heureusement clore et arrêter le cycle. Les menaces de révolution sociale, en certaines périodes agitées de sa fortune, ne lui furent pas non plus épargnées. L’examen de l’une d’elles, la plus redoutable et la plus impressionnante de toutes, l’exposé de sa genèse et le rappel véridique de ses plus marquans épisodes, brièvement esquissés, peuvent offrir quelque curiosité rétrospective, comme aussi quelque sujet présent de méditations éventuelles.

Au temps tragique du roi Richard, qui naquit à Bordeaux du prince Noir et de la belle Jeanne de Kent, une agression dangereuse bouleversa Londres et tout l’Etat d’Angleterre. Le XIVe siècle, populaire et tribunitien, qui mit en évidence Rienzi dans Rome et Etienne Marcel à Paris, suscita sur les bords de la Tamise un groupe de démagogues bibliques et factieux, malfaisans et dommageables entraîneurs de foules. C’est une époque fertile en perturbations matérielles et morales, qui explosent en cataclysmes hasardeux. Ce n’est pas seulement le siècle de Froissart et du Combat des Trente. C’est aussi le siècle des Jacqueries.

La nôtre, celle de France, possède généralement, semble-t-il, une réputation plus émouvante, plus sonore, plus acquise. Elle présente un nom original, toujours constant, bien fabriqué,