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facile à retenir, et passé dans l’usage. Elle se superpose à des événemens internationaux d’une portée considérable. Elle offre une légende plus faite, une formule mieux dégagée, une prise plus véhémente sur l’imagination et les facultés évocatrices des dramaturges ou des simples.

La grande insurrection plébéienne d’Angleterre, cependant, sous des appellations variables, plus compliquées, et par là moins frappantes, constitue et compose une attaque sociale autrement accentuée que la perturbation grossière qui souleva les bourgades paysannes disséminées entre Beauvais et Meaux. Vingt-trois ans plus tard que la commotion française, elle éclate avec un ensemble et une extension qui la rendent singulièrement plus alarmante. Elle atteignit et outragea le régime anglais d’une façon bien plus critique et bien plus grave que le soulèvement des campagnes du Parisis n’inquiéta jamais le pouvoir établi sur les bords de la Seine, au temps du dauphin Charles et du roi Jean le Bon captif à l’étranger.

Les circonstances lui prêtent, en effet, des intentions qui ne paraissent pas uniquement dévastatrices. Elle comporte une apparence de programmes et de revendications discutables. Elle a des chefs, de vrais chefs, éloquens et dominateurs. Elle ne prétend pas abolir la fonction royale, mais la confisquer à son profit. Autour de Londres, dans Londres même, elle s’adjuge des complicités imprévues, des concours bizarres et déconcertans. Son ampleur et son caractère interdisent de la traiter en infernale et passagère aventure. Il faut la regarder en face et la prendre philosophiquement au sérieux[1].

Les témoins qui l’observèrent anxieusement de leurs yeux, comme aussi les curieux d’aujourd’hui qui l’étudient avec sécurité dans les textes, semblent partager l’impression qu’elle n’était pas, après tout, dénuée de toute chance de réussite finale et de succès. On l’entrevoit comme un de ces orages qui paraissent

  1. Froissart, dans les publications de la Société de l’Histoire de France, au volume X, édition Gaston Raynaud. — Chroniques anglaises de Thomas Walsingham, éd. Henry Thomas Riley, de Henry Knighton, de John Malverne, éd. Joseph Rawson Lumby, du Moine d’Evesham, éd. Hearne. — Memorials of London, éd. Henry Thomas Riley. — Stow, General chronicle of England. — Pauli, Geschichte von England. — Stubbs, The constitutional history of England. — Wallon, Richard II. — Jusserand, Les Anglais au Moyen Age : l’Épopée mystique de William Langland. — W. E. Flaherty, The great revolution in Kent of 1381. — Edgar Powell, The rising in East Anglia in 1381. — Political poems and songs... from Edward III to Henry VIII, éd. Thomas Wright.