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Tout s’apaise : le vent dans les cimes chenues
Et ces coups de hache lointains
Par quoi des troncs altiers s’achèvent les destins,
Eux qui vivaient parmi les nues.

Un solennel effroi me gagne. Je reviens
Au logis embaumé de roses,
Sentant mieux la douceur de ces paisibles choses
Dont le temps a fait des liens.

Je reviens au foyer dont m’attire la flamme
Au fond du soir illimité,
Et qui résume, en sa pieuse intimité,
Toutes les tendresses de l’âme.


SOIR DANS UN PARC


Recueille-toi, poète, et contemple. C’est l’heure
Merveilleuse où l’ardent crépuscule t’effleure,
Et c’est l’heure où l’agile agneau suit en bêlant
Le troupeau qui, les pis gonflés, rentre plus lent
Et flaire la tiédeur des étables lointaines.
Voici le parc. Voici les vasques, les fontaines,
Le perron que la pluie ou le vent mutila
Et les arbres témoins d’autres siècles. C’est là,
Poète, souviens-t’en jusque dans l’agonie,
Que l’aveu chaste est né sur sa lèvre bénie
Et qu’elle fit soudain resplendir à tes yeux
Tout l’éblouissement du soir mystérieux,
Comme un divin sourire apporta l’espérance
Au grand visionnaire exilé de Florence.
Si tu pouvais, poète, exprimer ce qu’en toi
A laissé cet aveu de douceur et de foi,
D’émotion naïve et de sainte allégresse,
Ah ! comme un baume errant dont la fraîcheur caresse,