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« poings carrés » se serrent et frappent rudement sur leurs victimes renversées à terre et qui poussent de grands cris.

Les vassaux du Roi le servent, comme ils le conseillent. L’une et l’autre fonctions constituent le service domestique ; car c’est aux âges les plus reculés que remonte l’honneur attaché par l’ancienne France aux charges domestiques et que nous ne comprenons plus aujourd’hui.

Des diverses provinces, seigneurs et prélats viennent auprès du monarque faire de courts séjours, remplir auprès de lui leurs devoirs d’aide et de conseil.

Le comte Ferrans arrive au palais, entre dans la première cour, où il met pied à terre et attache son cheval. Il retire son heaume qu’il fixe à l’arçon de sa selle, arrange son haubert, puis fait le signe de la croix avant de pénétrer dans le donjon principal du palais, où il trouve le Roi à table « au mangier, » entouré de ses principaux conseillers.

Les nouveaux venus sont logés par le Roi, ils sont nourris, ils reçoivent des présens, de l’argent monnayé. Et ce mélange hétéroclite de courtisans de passage et de familiers fixés à demeure, de toutes classes et de toutes conditions, sans autre titre que leur dévouement au monarque et la confiance qu’il leur témoigne, a formé pendant longtemps, — jusqu’à la veille de la Révolution, — l’organe principal du gouvernement.

Cour du Roi qui, suivant les circonstances, et par ce mouvement même d’allans et venans, change incessamment de caractère : voici qu’elle s’est transformée en camp de guerre, prêt à chevaucher contre l’ennemi, car les barons sont arrivés, coiffés de leurs heaumes verts, vêtus de leurs broignes à doubles mailles, avec leurs lances ornées de gonfanons et leurs écus bandés.

Mais bientôt la Cour du Roi a revêtu la physionomie d’un concile par l’afflux des prélats, abbés et évêques du royaume ; on y discute sur des questions de discipline ou d’administration religieuse, voire sur des articles du dogme, sous la présidence du Roi ; ou bien elle a pris le caractère d’une Cour de justice, prononçant des arrêts ou des sentences d’arbitrage, assistant aux combats meurtriers que se livrent, entre les lices blanches, les champions des combats judiciaires.

Au temps des derniers Carolingiens, la Cour résidait principalement à Laon, le Mont-loon des chansons de geste, la citadelle