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la chambre, où se répartissent un monde de cuisiniers, aideurs, souffleurs, tournebroches, portechapes, gâte-sauce, pâtissiers et oubliers, panetiers, sommeliers et échançons, barilliers, potiers, fruitiers, verduriers, poulailliers, valets de chandelle et porte-torche, écuyers, garçons, valets d’étable et valets de forge, charretiers et bourreliers, portiers et gaîteurs, chambellans, tailleurs, lavandières et repasseuses, courriers et fourriers, huissiers et fureteurs, dirigés par les grands officiers, le sénéchal, le bouteiller, le panetier, le chambrier et le connétable, serviteurs personnels du monarque.

Le sénéchal veille à la cuisine ; il fait allumer le feu pour le repas et ordonne la table royale : « sénéchal de la victuaille, » ainsi que le nomme Bertrand de Bar. A Bourges et à Orléans, où le Roi tenait cour ouverte, Hugues de Clèves a vu le sénéchal faire placer des bancs autour de la table du festin, puis les faire recouvrir d’étoffes et de tapis, afin que les seigneurs pussent y prendre place jusqu’à l’arrivée des mets. Il fait « crier l’eau » ou sonner les buccines pour avertir les seigneurs du Palais d’avoir à se préparer pour le repas et à se laver les mains. Il est l’écuyer tranchant : c’est lui qui découpe la viande mise sur la table du prince. Le repas terminé,


Les escueles fait torcher et laver,


après quoi il reçoit, pour sa peine, un morceau de viande, auquel le panetier et le bouteiller ajoutent deux ou trois chopines de vin. Le sénéchal tient en ordre la maison du Roi et son importance s’accroît avec cette dernière, à mesure que deviennent plus nombreux les nourris, ceux que le Roi élève et admet dans son domestique. Il garde les clés des portes qui donnent accès dans la demeure royale. Il règle souverainement l’hospitalité du palais, admet les nouveaux venus, leur fixe leur place à table, ou bien les en écarte. Il leur assigne les logemens qu’il a fait préparer.

Girart de Montglane et son frère se présentent au palais, entrent dans la Cour où ils croisent le sénéchal, très affairé. Il est vêtu de « fraîche hermine claire ; « son bliaut a été taillé à sa mesure.


En sa main tient un baston de pomier,


signe de son commandement. Il est fort occupé à répartir