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Capétiens les tiraient de l’exploitation de leurs domaines. Ils subvenaient à leurs besoins par leurs revenus particuliers, sans lever d’impôts, grâce à des rentes personnelles, à des cens et à des fermages, dont le montant leur était apporté dans les trois termes de Saint-Rémy, de la Chandeleur et de l’Ascension.

Les Capétiens sont devenus, il est vrai, les plus grands propriétaires fonciers du pays. A Gonesse, à Mantes, à Etampes, ils ont établi des greniers où leurs prévôts font ranger le blé et l’avoine ; ils ont des celliers à Orléans, à Angoulême ; le bois et la venaison leur sont fournis par les forêts dont leurs résidences sont entourées, les forêts de Fontainebleau, d’Ivelin, de Saint-Germain, de Compiègne et de Rouvray (bois de Boulogne). Que si le Roi est si souvent en chasse, ce n’est pas seulement, comme dans les derniers temps de la monarchie, pour son plaisir, mais pour alimenter sa table et celle de ses officiers. Et de là aussi ces déplacemens incessans, car, au lieu de faire voyager vivres et subsistances, il semblait à la Cour plus expédient de les aller consommer sur place, d’un domaine à l’autre. Ou bien le Roi se rendait, avec sa suite, dans telle ou telle abbaye où il exerçait le droit de gîte en qualité de suzerain. Vastes et multiples exploitations rurales au profit desquelles les princes ajoutent les droits féodaux qu’ils percevaient comme suzerains de leurs fiefs. Le Roi n’avait à faire face qu’à des dépenses domestiques. L’Etat n’existait pas, partant nul impôt public.

Conception qui persistera jusqu’à la Renaissance. Après cinq siècles de monarchie, les Etats généraux de 1484 estimeront encore que les propriétés du Roi lui doivent suffire à lui et à sa maison, voire aux dépenses de l’Etat. Au regard du peuple, l’impôt n’est toujours qu’un recours momentané, une aide, pour reprendre l’expression consacrée. Aussi, jusque sous Louis XIII, appellera-t-on « finances ordinaires » les produits du domaine royal, « finances extraordinaires » le produit des impôts.

Depuis des siècles, il est vrai, cet « extraordinaire » formait la ressource principale du gouvernement.

Aux revenus de ses propriétés le prince ajoutait les quatre cas de l’aide féodale qui nous arrêteront un instant.

Rappelons que, dans l’antiquité, la législation romaine prescrivait que les cliens devaient 1° doter la fille du patron ; 2° fournir la rançon du patron quand il était fait prisonnier ;