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3° contribuer aux frais de ses magistratures et à celles de son fils ; 4° le soutenir dans les dépenses extraordinaires, quand des amendes étaient encourues, etc.

Le droit féodal établit que le vassal doit aide au suzerain ; 1° quand il marie sa fille ; 2° quand, fait prisonnier, il doit payer une rançon ; 3° quand il est armé chevalier ou arme ses fils chevaliers ; 4° dans les dépenses extraordinaires, quand il part pour la croisade ou veut racheter une partie du fief.

En retour, le patron devait à son client, comme le seigneur à son vassal, soutien et protection dans toutes les circonstances de la vie.

Les deux tableaux ne présentent pas seulement une grande similitude, mais une parfaite identité.

On constatera que, lorsque la féodalité se développa, la clientèle romaine avait disparu depuis des siècles : l’une ne peut donc être sortie de l’autre. Force est de conclure que l’une et l’autre ont été produites par la même cause ; or l’origine familiale de la clientèle romaine ne fait plus doute pour personne.

Voyons à présent les quatre cas de laide royale :

Le sujet doit aide au monarque : 1° quand celui-ci marie sa fille ; 2° quand, fait prisonnier, il doit payer sa rançon ; 3° quand il arme ses fils chevaliers ; 4° dans les dépenses extraordinaires, quand il part pour la croisade.

Entre l’aide féodale et l’aide royale nous constaterons donc encore les rapports les plus étroits.

La première application de l’aide royale, étendue au royaume entier, date de 1188, nous voulons parler de la contribution demandée par Philippe-Auguste pour subvenir aux frais de l’expédition contre les Sarrasins, de la dîme Saladine (du nom du sultan Saladin).

Suivons à présent les contingences dont l’influence étendra et, peu à peu, modifiera les faits sur lesquels elles agiront : l’impôt perçu par Philippe-Auguste, plus tard par Louis VII pour la croisade, fut donc essentiellement un impôt féodal, familial, à en considérer l’origine ; mais les circonstances devaient en faire un impôt général ; à plus forte raison, en sera-t-il ainsi des contributions levées par Philippe le Bel pour le mariage de sa fille Isabelle ou pour la chevalerie de ses fils, des deniers perçus pour la rançon du roi Jean.