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Et quels ne furent pas les peines, les efforts du gouvernement, avant qu’il parvînt à faire accepter le principe même de l’impôt ! Sur la fin du règne de Philippe le Bel, les Capétiens occupent le trône depuis trois siècles ; le Roi veut lever, pour les besoins urgens de la guerre de Flandre, un droit qui paraîtrait aujourd’hui fort mince, sur la vente des objets de consommation. Quelle indignation provoquent ces « nouveautés, » ces extorsions injustes et intolérables ! Il y eut des émeutes, des personnes furent tuées. Si grande est la colère soulevée, que le paisible continuateur de Nangis en perd son sang-froid.

Il nous reste à parler de l’administration locale.

Au-dessous des grands officiers dont il vient d’être question, sont rangés les agens inférieurs, les agens locaux, c’est-à-dire les prévôts, qui continuent les fonctions des judices carolingiens ; mais ils sont principalement chargés d’exploiter les domaines que les premiers Capétiens possèdent sur les points les plus divers du territoire et dont les revenus leur fournissent encore leurs principales ressources pour gouverner leurs sujets. Les prévôts prennent leurs fonctions à ferme, pour un temps déterminé, versant au Roi une somme convenue pour l’exploitation du domaine et conservant le surplus des profits, qu’ils en ont tirés, pour leur rémunération. En réalité, ils sont des fermiers, dans le sens moderne du mot.

On trouve des prévôts, — ils sont au nombre de trente-huit jusqu’à Philippe-Auguste, — dans toutes les localités où la couronne possède des domaines importans. Ils y président aux labours, aux semailles, à la moisson, à la fenaison, aux vendanges ; ils y surveillent l’entretien des bâtimens royaux et des clôtures, celui des cuisines, des brasseries, boulangeries et pressoirs ; ils doivent maintenir en bon état les viviers, les vacheries, les porcheries, les bergeries et les écuries diverses, nourrir les poules, les oies, les canards, les paons, les faisans, les tourterelles et les perdrix qui appartiennent à leur maître ; élever leurs chevaux, faire cultiver leurs jardins ; recueillir les œufs, le lait, le miel, le lard que produisent les fermes et les courtils ; faire ranger la paille et le foin sous les hangars qu’ils ont fait construire ; enfin, quand ils en sont requis, ils doivent faire parvenir ces provisions à la Cour et en vendre le surplus ; occupations