Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 5.djvu/568

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus encore que ces institutions ne nous donnent lieu de le penser.

Sans prétendre énumérer, à l’appui de cette assertion, tous les métiers exercés par des femmes, nous signalerons ceux dont nous avons trouvé la mention dans les textes qui ont passé sous nos yeux. Nous y avons rencontré des maîtresses d’étuves qui tenaient les bains réservés aux femmes, des rebouteuses, des batteuses d’or et d’argent, c’est-à-dire des ouvrières qui faisaient marcher le moulin à battre chez les tireurs d’or et d’argent, des relieuses de livres, des pourpointières, des logeuses en garni, des passementières, des ouvrières en linge et en tapisserie, des brunisseuses, des blanchisseuses, des cabaretières, des maîtresses d’école. Il faut dire que, parmi ces femmes qui sont pour la plupart de simples salariées, il y en a qui sont suspectes de vivre d’autre chose encore que de leur travail, et qui, pour cette raison, ont été emprisonnées au Châtelet de Paris puis généralement relâchées sans autre peine que la prévention qu’elles ont faite, à la condition de vivre honnêtement, de ne plus être un sujet de scandale, avec menace, si elles récidivent, d’être attachées à l’un des tombereaux qui recueillent et transportent les immondices de la voirie parisienne. Mais l’honnêteté avec laquelle ces prévenues exerçaient, le métier dont elles déclaraient vivre, importe peu ici, elles l’exerçaient toujours, si peu que ce fût, et d’autres l’exerçaient de façon à ne pas donner prise à l’intervention de la police. Cela suffit pour ranger ces professions parmi celles qui procuraient aux femmes des moyens d’existence.

Leur capacité dans les affaires est bien connue. On ne s’étonnera donc pas d’apprendre que, pour la fourniture et l’établissement de la canalisation des fontaines de Paris, la municipalité parisienne avait fait marché avec une femme, Barbe Lequeux, qui était qualifiée plombière de la ville. Il est vrai que, dans cette grosse entreprise, elle avait succédé à son mari, mais il faut croire qu’elle s’y était montrée digne de la confiance accordée à celui-ci puisqu’elle en était restée chargée. Quelques années après, elle était remariée à Jean Coullon, et le bureau de la ville assurait à elle et à son mari le monopole de la fourniture du plomb et des conduites nécessaires pour la canalisation générale de la ville.

Certaines professions qui semblent être l’apanage des