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aux attaques des perruquiers. Le travail et le commerce des faux cheveux occupait surtout des femmes, car, bien qu’ils fussent à Paris l’apanage d’une corporation mixte de perruquiers-perruquières, les statuts de cette corporation, qui portent la date de 1616, parlent toujours d’apprentisses et jamais d’apprentis, ce qui autorise à penser que les perruquiers n’étaient que les prête-nom et les auxiliaires de leurs femmes en même temps qu’ils entraient pour moitié dans la jurande. Les atourneresses ne se distinguaient des coiffeuses et des perruquières que par l’archaïsme de leur nom. Elles coiffaient, faisaient et vendaient des atours, c’est-à-dire des parures de tête, travaillaient par conséquent les faux cheveux. A leur porte étaient exposées des figures qui faisaient connaître les coiffures nouvelles.

C’est encore de la toilette que relèvent les arts de l’aiguille qui s’emploient à la garnir et à la rehausser : passementerie, broderie, dentelle. Dans ce domaine du goût prévalait encore la main-d’œuvre féminine, mais, si elle avait tout le mérite de ce qu’elle ajoutait par là à la valeur du costume, elle n’en avait pas tout le profit. Les statuts des passementiers-tissutiers-rubaniers de Paris gardent à son sujet un silence complet, d’où il faut conclure non qu’elle restât étrangère aux opérations du métier, mais du moins qu’elle ne conduisait pas à la maîtrise. Le règlement des tissutiers-rubaniers rémois du 5 septembre 1600 nous montre des filles de maîtres en apprentissage et à l’atelier, mais il leur retire le droit de travailler, même dans cette condition subalterne, si elles se marient en dehors du métier. Il y avait, au contraire, bien que la nomenclature officielle ne connaisse que des brodeurs, des maîtrises de brodeuses, et l’article des statuts qui déclare la maîtrise accessible aux femmes, marque bien qu’elle leur est personnelle, car il ajoute qu’elles y seront reçues, même si elles n’ont pas des brodeurs pour maris.

La passementerie, la broderie et la dentelle ont joui, pendant notre période, d’une grande faveur, mais elles n’en ont pas joui en même temps, la mode ayant successivement porté sa prédilection sur l’une ou sur l’autre. Ces variations ne furent pas entièrement capricieuses, elles s’expliquent en partie par les édits somptuaires dont il ne faut pas exagérer, mais dont on ne peut contester non plus l’efficacité. Ainsi la prohibition des passemens d’or et d’argent par Henri IV amena le public à les remplacer par la passementerie de soie qui se fabriquait à