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de n’acheter aux fils de famille, aux serviteurs et servantes, et aux inconnus qu’après s’être assurées qu’ils étaient les légitimes détenteurs. Elle leur enjoignit de vendre les objets pour lesquels elles s’étaient chargées de chercher des acquéreurs, aussitôt qu’elles en auraient trouvé le prix convenu avec les déposans, de ne prélever pour toute commission qu’un sol pour livre du vendeur et réduisit à huit jurées le nombre excessif qu’elles avaient atteint par suite de l’introduction dans leurs rangs de femmes sans aveu.

A côté d’elles, dans la classe des intermédiaires, on peut mettre les « recommanderesses, » qui tenaient des bureaux de placement de nourrices et de servantes. Le métier de placeuse paraît si facile qu’on est tenté de croire que beaucoup de femmes s’en mêlaient. Il faut prendre garde, toutefois, qu’à Paris, par exemple, le nombre des recommanderesses jurées était limité à quatre, et qu’à l’encontre de prétentions qui pouvaient s’autoriser de lettres patentes et de décisions judiciaires, leur monopole fut confirmé par d’autres lettres patentes de février 1615 et par un arrêt du Parlement du 10 février 1618. N’en concluons pas toutefois que les Parisiens fussent réduits à ces quatre bureaux. Il y avait d’autres agences plus ou moins clandestines, et plus d’une boutiquière ne se cachait guère pour joindre au produit de son commerce les profits du placement. Il y avait là, comme ailleurs, un régime de tolérance tempéré par des procès-verbaux. Les jurées recommanderesses découvraient-elles une de ces agences clandestines, elles la dénonçaient au commissaire du quartier qui se transportait sur les lieux et procédait à l’incarcération de la délinquante. Cependant, à partir de 1628, les titulaires des quatre bureaux eurent à compter avec la concurrence ouverte du bureau d’adresses, créé au Palais par mesure administrative, pour le placement des domestiques.

Il faut faire une place à part à une profession plus relevée que toutes celles qui viennent de passer sous nos yeux, parce qu’elle est une science en même temps qu’un art, parce qu’elle n’exige pas moins de connaissance anatomique que d’adresse chirurgicale, celle des sages-femmes. On peut dire que l’on s’adressait exclusivement aux femmes pour les accouchemens, car ce n’est qu’à la fin de la période que nous examinons, que nous voyons des hommes obtenir du bureau de l’Hôtel-Dieu