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l’autorisation d’assister à la clinique de la maîtresse sage-femme qui, depuis 1620, enseignait l’obstétrique à un petit nombre d’élèves de son sexe. L’éducation professionnelle ne durait que trois mois. La maîtresse sage-femme faisait des accouchemens en dehors de l’Hôtel-Dieu. A l’intérieur, ses attributions consistaient à examiner les femmes qui demandaient leur admission, à opérer la délivrance de toutes les pensionnaires à terme, à conduire les autres à la messe, à faire baptiser les enfans, à suppléer, dans la surveillance de la salle, la supérieure et les religieuses, à faire faire la lessive. Sa capacité était établie par un examen passé devant le médecin et le chirurgien de l’Hôtel-Dieu, et deux maîtresses jurées de Paris, et elle prêtait serment avant d’entrer en fonctions. Elle recevait 8 sols par accouchement, puis à partir, ce semble, de 1606, un traitement fixe de 60 livres qui fut porté, en 1614, à 100 livres.

En dehors de l’Hôtel-Dieu, qui fut la première Maternité, il y avait à Paris des matrones ou sages-femmes qui étaient soumises à une réglementation traditionnelle fort simple. Quand elles avaient suffisamment profité des leçons de celles qui les avaient précédées dans la carrière, elles faisaient connaître le nom de leurs maîtresses, étaient l’objet d’une enquête de bonnes vie et mœurs, passaient un examen devant les médecins, les chirurgiens jurés et les matrones jurées du Châtelet et y prêtaient serment. Elles pouvaient alors mettre une enseigne représentant une femme avec un enfant dans les bras ou un berceau avec une fleur de lys. Leurs statuts leur défendaient d’employer aucun médicament abortif, leur prescrivaient de rappeler aux femmes en couches les devoirs religieux relatifs à leurs enfans et à elles-mêmes, d’ondoyer au besoin les nouveau-nés, de dénoncer celles de leurs compagnes qui se signalaient par leur inconduite, d’assister tous les ans à une leçon d’anatomie féminine, faite par un chirurgien juré du Châtelet, de découvrir, autant que possible, l’état-civil des enfans trouvés, de se rendre, la veille de la fête patronale, dans l’église des Saints Côme et Damien de Paris ou dans celle de Luzarches, placée sous le même vocable, pour demander à ces patrons de la corporation de bien remplir leurs devoirs professionnels, et enfin de payer, pour l’entretien du culte, une redevance à leur paroisse.

La clientèle était si nombreuse que les sages-femmes