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devaient arriver à se multiplier sans s’astreindre à prendre un diplôme au Châtelet. De temps en temps elles étaient invitées à le produire, et celles qui n’en avaient pas et n’étaient pas jurées devaient retirer leur enseigne. Il y en avait dans ce cas de très expérimentées qui alléguaient leur longue pratique. Elles étaient mises alors en demeure de subir l’examen. En dehors de Paris, l’expérience, constatée par un certificat, paraît avoir été une condition suffisante pour s’établir. Il y avait bien un examen et un serment, mais ils se rapportaient aux devoirs religieux, et c’était au curé qu’il appartenait de s’assurer qu’elles sauraient les remplir. On connaît ces devoirs. Les municipalités pourvoyaient aux frais des accouchemens et des soins qui intéressaient la population pauvre.

Les sages-femmes cherchèrent avec persistance à se mettre en possession du droit de placer des nourrices qu’elles faisaient venir de la campagne et prenaient en pension et elles semblaient assez bien désignées pour en procurer aux mères qu’elles venaient d’accoucher. Cependant leur intervention dans cet intérêt ne fut jamais légalement autorisée. On n’en voit pas d’autre raison que le tort qu’elle pouvait faire au monopole des recommanderesses.

De ce qu’on vient de lire on est autorisé à conclure que l’obstétrique était généralement abandonnée à l’empirisme, que celles qui en faisaient leur carrière se passaient trop souvent, faute d’un enseignement organisé, des lumières de la science.


Les pages qui précèdent prouvent que, dans la première moitié du XVIIe siècle, les femmes trouvèrent dans l’industrie et le commerce, soit à la faveur du régime corporatif lui-même, soit grâce à la constitution naissante de ce qu’on peut appeler déjà la fabrique, soit par le travail libre, de nombreux moyens d’existence. Nous croyons avoir établi que, si la prééminence masculine n’a rien perdu de son prestige, si elle n’a eu à se défendre contre aucune revendication théorique, si elle s’est même, à certains égards, maintenue dans ses positions, elle a dû plus souvent se contenter des apparences et abandonner devant les convenances et les exigences du public l’intérêt positif qu’elle défendait. La domesticité, dont nous allons maintenant nous occuper, ouvrait dès lors à l’activité féminine une carrière qui, en nous introduisant dans la vie intime, semble nous promettre