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l’ouvrier qui respire cette flamme ! S’il n’est pas tué sur le coup, il meurt quelques jours après l’accident. La dilatation qui se produit est bientôt suivie d’un second choc dû au vide déterminé par la condensation de l’eau. C’est alors que les galeries s’effondrent, complétant l’horreur de la catastrophe. Un des effets de l’explosion du gaz des mines est de noircir et de cuire la peau des malheureux qui sont atteints : celle-ci s’enlève facilement. C’est affreux ; rien ne peut dépeindre l’aspect des victimes retirées du trou noir. Ceux qui échappent à la mort sur le coup même, succombent quelques jours après, s’ils ont, comme on dit, « avalé le feu. » S’ils ne l’ont pas avalé, ils ont respiré de l’oxyde de carbone qui les anémie et les affaiblit souvent pour toujours. »

Parfois, la catastrophe prend des caractères un peu différens, étant plus soudaine encore et plus violente : c’est quand le banc de houille exploitée a livré passage à un soufflard. On appelle ainsi une poche gazeuse contenue dans la roche combustible et qui déverse tout à coup son contenu fortement comprimé en avant du front de taille. Alors l’air respirable est immédiatement chassé par l’afflux des gaz carbonés, et l’asphyxie des ouvriers doit être presque instantanée. Il est difficile d’ailleurs que le gaz combustible, s’échappant par les puits, ne trouve pas au jour quelque cause d’inflammation, et c’est ce qui est arrivé le 17 avril 1879, à Frameries, près de Mons.

A sept heures et demie du matin, le puits d’extraction, qui normalement était le siège d’un appel d’air vers le fond, exhalait une odeur fétide. La salle de la machinerie établie au jour, s’étant remplie de grisou, une explosion s’alluma au foyer, tua le mécanicien et mit le feu au puits. Celui-ci se couronna, comme un gigantesque fanal, d’une flamme de 3 m, 60 de diamètre et de 40 mètres de haut qui, au bout de deux heures, perdit de sa violence et commença à descendre dans le puits. Successivement, elle détermina, de quart d’heure en quart d’heure, neuf explosions de plus en plus violentes.

On a cherché, d’après l’allure de cette extraordinaire éruption gazeuse, à évaluer le volume de grisou dégagé pendant ces quatre heures ; mais les chiffres obtenus varient de 100 000 à 500 000 mètres cubes, discordance qui provient de l’incertitude inévitable des mesures.

Le point de départ de ce gigantesque soufflard était à