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610 mètres de profondeur, au travail préparatoire. A 20 mètres plus haut, on avait entendu siffler la trombe. Les ouvriers étaient remontés à 580 mètres où les éboulemens les avaient protégés. Au bout de quatre jours passés dans une somnolence léthargique, ils croyaient, disaient-ils, n’être restés que vingt-quatre heures dans la mine.

Le dégagement par les soufflards comprend généralement deux périodes, dont la première ne dure que quelques heures : c’est un jet instantané résultant de la détente du gaz précédemment comprimé, — tandis que la seconde se prolonge plus longtemps et quelquefois des années, en conséquence de la forme des poches souterraines et de la disposition de leur ouverture de décharge.

Parmi les autres formes de dégagement subit de grisou, il convient de citer celles qu’on observe spécialement en Belgique : elles ont l’allure d’explosions de poches gazeuses libérées de l’obstacle qui s’opposait à leur expansion par la diminution d’épaisseur de la paroi rocheuse qui les sépare des galeries par le progrès même des travaux d’abatage. La houille pulvérisée est lancée en abondance en avant du front de taille et les mineurs sont fréquemment ensevelis sous les débris. Cette allure se rattache avant tout à la structure poreuse de la houille qui appartient au type désigné à Bessèges et ailleurs sous l’appellation de « fusain. » Un accident grave dû à cette cause se produisit le 29 juillet 1864 dans la mine de Marcinelle, en Belgique. 150 tonnes de charbon furent tout à coup projetées dans la galerie où deux ouvriers furent ensevelis. Trois autres, qui se trouvaient dans le même chantier, furent asphyxiés par le grisou.

Ces deux formes d’explosions : par dégagement continu et uniforme de grisou et par éruption d’un soufflard contenu dans une poche, sont loin d’être également redoutables. On peut dire que, pour le premier cas, on est arrivé à diminuer considérablement le péril : tantôt, on « draine » le gaz dangereux par un traçage préalable et on le noie dans un courant d’air suffisamment abondant pour que sa proportion dans l’atmosphère des galeries soit trop faible pour déterminer une explosion ; tantôt, on se borne à supprimer toutes les chances d’inflammation, le feu sous toutes ses formes : de lampes à feu nu, de coups de mine, d’étincelles électriques. Et c’est alors qu’acquiert toute sa valeur la lampe de sûreté, à toile métallique, inventée