Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 5.djvu/657

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

relative de la plus grande partie du charbon renfermé dans la substance végétale au détriment de la circulation décrite par Dumas. Si, d’un côté, il ressort de là la nécessité de quelque source de carbone qui vient combler le déficit causé par la réalisation des phénomènes de fossilisation (source qui est parfaitement connue et dont le siège réside dans les plus grandes profondeurs de l’écorce terrestre) ; — d’un autre côté, la transformation souterraine du bois et des matières végétales comporte des conséquences d’un immense intérêt, aussi bien au point de vue philosophique qu’en ce qui regarde le chapitre économique, puisque toute l’histoire de la houille s’y rattache directement.

En effet, le dégagement du gaz des marais, c’est-à-dire du grisou, dans les localités où le tissu des plantes s’altère à l’abri de l’action comburante de l’air, nous fournit un premier éclaircissement dans l’histoire du grisou. L’analyse chimique apprend que le gaz est directement extrait du bois de telle sorte que si, à un moment donné, on restituait au végétal qui subit la macération le fluide élastique qui s’en est dégagé, on lui rendrait la composition de la plante vivante. Pour son compte, ce végétal macéré s’éloigne surtout de sa première manière d’être, en perdant de plus en plus de gaz des marais, c’est-à-dire d’une combinaison de carbone et d’hydrogène, ou, si on l’aime mieux, en concentrant le carbone dans sa substance, où l’hydrogène est trop peu abondant, pour convertir en ce même gaz tout le charbon qui y est renfermé.

Et ici doit trouver sa place un petit aperçu de ce qu’on pourrait qualifier d’évolution du charbon de terre ; histoire merveilleuse qui nous expliquera l’origine et le mode de formation de la plus précieuse des substances minérales, — or et diamant compris, — et qui rattachera le grisou aux traits les plus impressionnans de l’économie générale de notre planète.

L’étude de la croûte terrestre nous enseigne que bien avant l’existence de nos marécages où macèrent et parfois en si prodigieuse abondance, comme dans le Dismal Swamp, des États-Unis, des débris d’arbres et de plantes diverses, il y a déjà eu des marécages maintenant fossilisés. Même on reconnaît que certains de nos marécages, connus sous le nom de tourbières, par exemple aux environs d’Abbeville et d’Amiens, dans la vallée de la Somme, existent depuis une antiquité qui dépasse de