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subordonné à des couches géologiques dépendant du terrain secondaire le plus inférieur. Mais, pour le ramener à la composition du bois initial, il faudrait lui incorporer plus abondamment encore qu’à ce dernier les élémens du grisou. Ce n’est pas encore de la houille, son évolution souterraine n’étant pas poussée assez loin.

C’est dans des terrains antérieurs à ceux du Tonkin qu’on trouve la houille proprement dite, dont les propriétés incomparablement précieuses sont liées à la durée précise depuis laquelle elle subit la chimie souterraine ; car dans des assises encore plus vieilles, — et cela achève la démonstration, — le charbon a dépassé ce que l’on pourrait appeler la condition « optima. » Ce n’est plus de la houille : c’est de l’anthracite, et la liaison de cet état nouveau avec le temps nécessaire à le produire ressort déjà de cette particularité que, bien fréquemment, des houillères renfermant le combustible normal dans leurs couches supérieures, ne présentent plus que de l’anthracite dans leurs parties les plus profondes, autrement dit les plus anciennes.

Il y a, bien entendu, une foule de degrés entre les différens anthracites ; le type est procuré par les colossales assises qui s’en sont conservées dans les entrailles des monts Alleghanys, aux Etats-Unis. C’est là que se présente, entre autres, la couche dite « Mammouth, » épaisse de trente mètres et dont la substance a mérité le nom imprévu qu’elle a gardé aussi longtemps qu’on n’eut pas de foyers convenables, de « houille incombustible. » C’est une roche dont l’aspect est celui d’un verre noir très compact, et que le choc du marteau réduit en éclats extrêmement tranchans. On n’a pas à craindre de s’y noircir les mains : loin de se pulvériser sous le contact des doigts, elle est si dure qu’elle raye le verre et peut même quelquefois le couper comme fait un diamant. L’analyse n’y trouve plus que quelques centièmes de substances volatiles, et l’on serait tenté d’y voir le terme ultime des transformations des substances végétales soumises aux réactions souterraines, si certains pays ne nous procuraient des gisemens de graphite, ou mine de plomb qui sont plus avancés encore.

A cet égard, j’ai plaisir à citer une pittoresque localité appelée Cariât, aux portes d’Aurillac, dans le Cantal, et où un petit ruisseau coule au fond d’une étroite gorge creusée en plein massif de gneiss. Sur l’escarpement, on voit la roche granitique comprendre,