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entre ses feuillets, un lit très régulier de graphite ou « mine de plomb. » On pourrait à première vue supposer que cette variété de charbon pur, cristallisé parfois en paillettes très nettes, doit son origine à d’exclusives réactions minérales, mais l’examen du gisement et sa comparaison avec d’autres points situés plus ou moins loin, et jusqu’au Canada, démontrent à l’évidence qu’il s’agit d’une couche qui, en son temps, fut de la houille encastrée entre deux assises plus ou moins schisteuses et renfermant sans doute des fossiles. En conséquence des réactions dont nous venons de voir les progrès successifs, la substance organique n’a plus conservé à la fin que son charbon, et celui-ci est devenu cristallin après sa libération des associations chimiques, pendant que les élémens de ses roches encaissantes, subissant un sort analogue, passaient de l’état d’argile à celui de quartz, de feldspath, de mica et d’autres minéraux comparables.

L’histoire, que nous ne pouvons qu’ébaucher, de ces étapes successives de l’évolution souterraine des combustibles fossiles, acquiert une nouvelle et plus large signification, si nous la reprenons au point de vue plus spécial du grisou. Elle peut se résumer en disant que, malgré le degré relativement faible de la température, qui n’approche jamais de celle où sont portées les cornues dans les usines à gaz, il s’agit ici d’une véritable distillation. Le mécanisme en est d’ailleurs très spécial, et c’est l’eau chaude en circulation continue qui en est l’agent décisif. On se flatte d’en avoir observé toutes les parties et d’y avoir constaté une ressemblance d’autant plus remarquable avec nos usines qu’elle s’accommode de contrastes plus accentués.

La région orientale de l’Amérique du Nord fournit des documens bien frappans à cet égard et ils méritent d’être rapidement mentionnés. Les amas colossaux d’anthracite qu’on y exploite, et spécialement cette couche Mammouth mentionnée tout à l’heure, représentent, dans l’assimilation que nous avons en vue, le résidu de la distillation poussée jusqu’à sa complète réalisation. C’est donc l’analogue du coke des usines, et si son état physique, éminemment compact, est tout autre que l’état avant tout spongieux et presque spumeux du coke, cela tient à la forte pression des profondeurs terrestres, remplaçant l’absence de pression dans nos cornues. Restent à retrouver les autres produits de l’opération devant consister en grisou d’abord, représentant