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relative des choses en profondeur. Ce qui paraît le plus vraisemblable, c’est de s’imaginer que la houille des Appalaches ayant subi la distillation souterraine, les produits extraits par l’activité des eaux chaudes en circulation ont été transportés dans des réservoirs naturels. Dans les cas où ces réservoirs n’existaient pas, ces produits se sont dissipés dans le sol et de proche en proche dans l’atmosphère, sans laisser de traces ; mais une fois parvenus dans ces réservoirs, ils s’y sont disposés d’après leurs densités relatives : l’eau occupait le plus bas niveau, le pétrole surnageait et les gaz s’accumulaient au-dessus, se comprimant de plus en plus, pendant que la quantité en augmentait progressivement. Le tube de sondage étant poussé jusqu’à la région de l’eau, le gaz tendait à se détendre à cause de la communication de sa pression, par les liquides, avec l’atmosphère extérieure, et provoquait le jaillissement de l’eau ; puis, quand celle-ci était épuisée, le jaillissement du pétrole. Une fois ces produits expulsés, le gaz lui-même sortait à son tour.

Il se pourrait bien qu’à Findlay et dans les localités similaires qui ne donnent que du gaz, on ait commis la faute de ne pas pousser les tubages assez bas. Dans ce cas, les gaz sortent directement, et les liquides sous-jacens, pétrole et eau salée, n’ont plus aucune raison pour jaillir. Pour les obtenir, une fois le gaz dissipé, il faudrait recourir à des pompes, ce qui évidemment ne serait pas pratique.

D’ailleurs, cette question sort de notre sujet et tout ce que nous voulons retenir des détails précédens, c’est que les gîtes de gaz et les gîtes de pétrole, complémens des phénomènes de distillation subis sous terre par les amas de charbon, constituent des élémens de l’histoire, bien plus large que la leur, de l’évolution chimique des matières végétales enfouies.

Dans ces conditions, il est utile de revenir en deux mots sur quelques-unes des manières d’être du grisou, qui préciseront ses relations avec le charbon. On a vu que les plantes, submergées après leur mort dans les eaux superficielles, dégagent du gaz des marais qui n’est que du grisou et passent ainsi à l’état, de tourbe puis de lignites. Dans les gîtes de ces derniers, on ne constate pas ordinairement de dégagement grisouteux, ce qui vient sans aucun doute de ce que ce gaz se dissipe au fur et à mesure de sa production dans les roches avoisinantes récentes et très perméables et, par elles, gagne l’atmosphère. Les lignites