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du Bas-Rhin, et principalement de Lobsann et de Bechelbronn, sont accompagnés cependant de pétrole et de véritable grisou. Dans les houilles, nous voyons que les unes sont grisouteuses, tandis que les autres ne le sont pas. On observe tous les intermédiaires entre l’absence de gaz et la teneur des houilles de Dorthmund, en Westphalie, qui en donnent de 22 à 67 mètres cubes à la tonne, c’est-à-dire, dans ce dernier cas, plus de 40 fois le volume du charbon. La différence tient tout entière à ce que certaines houilles sont enclavées entre des roches perméables qui laissent le gaz se dégager, tandis que les autres sont recouvertes de couches compactes au travers desquelles les fluides élastiques ne se dissipent pas. La pression considérable du gaz ne peut être équilibrée que par le poids des morts-terrains qui recouvrent le charbon, et c’est pourquoi les couches grisouteuses ne se rencontrent jamais qu’à une grande profondeur. L’ouverture des puits et des galeries, en atteignant la houille et en supprimant localement la couverture dont elle était munie, détermine une véritable fuite de grisou et les vieux travaux continuent parfois pendant des années à dégager celui-ci.

Mallard a montré que l’augmentation progressive de la pression du grisou, à partir de la surface libre du charbon, s’explique en admettant que le gaz imprègne le combustible comme l’eau imprègne une roche poreuse et que son écoulement au dehors résulte exclusivement de la différence de pression entre l’intérieur de la masse et l’extérieur. Le calcul fait voir en outre que la répartition du grisou dans l’intérieur d’un massif de houille se fait comme celle de la température dans une masse de même forme et soumise à des conditions thermiques que l’on obtiendrait en remplaçant le coefficient de perméabilité par le coefficient de conductibilité, les pressions par les températures et le poids du gaz dégagé par les quantités de chaleur perdues.

Enfin, quant aux anthracites, le dégagement de grisou y est faible et souvent même à peu près nul, circonstance en rapport avec la proportion très minime des matières distillables contenues encore dans ces roches.

Il va sans dire que l’évolution des combustibles est bien plus compliquée que nous ne venons de la résumer. Les vicissitudes sédimentaires et, avant tout, les palpitations verticales du sol, en conséquence des bossellemens généraux et de tout le cortège