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des phénomènes orogéniques, y introduisent des incidens infiniment nombreux. Cette remarque suffit pour expliquer les variétés de houilles du même âge, d’après les localités d’où elles proviennent.

La quantité de matière volatile que chacune de ces variétés a perdue spontanément, est le reflet des conditions thermiques auxquelles le combustible a été soumis. La déperdition totale en est prodigieusement lente, ce qui tient à ce que, d’habitude au moins, les sédimens si anciens de l’époque carbonifère, ou même de l’époque dévonienne qui l’a précédée, n’ont pas été portés dans les abîmes de la croûte terrestre à une température rouge, c’est-à-dire comparable à celle de nos usines. Il en résulte que, malgré leur grand âge, la plupart des charbons fossiles peuvent encore être soumis à la distillation. Les meilleures variétés à cet égard dégagent trois cents mètres cubes de gaz à la tonne, c’est-à-dire, d’après les chiffres précédens, plusieurs fois autant que la macération sédimentaire en a libéré dans les pores de leurs tissus à l’état d’imprégnation.


III

Nous résumerons les faits principaux concernant l’origine du grisou, en constatant que celui-ci est un produit métamorphique. Le métamorphisme est l’ensemble des modifications que subissent les roches par l’action suffisamment prolongée des eaux chaudes souterraines. L’intensité des modifications s’accentue avec le temps et c’est pour cela que les roches anciennes sont d’ordinaire les plus métamorphiques. Mais le temps se traduit ici par un échauffement progressivement plus grand des roches et des eaux qui les imprègnent, à cause de l’enfouissement qu’elles éprouvent du fait des sédimens plus récens qui, les uns après les autres, se déposent sur elles et les font véritablement pénétrer à des profondeurs de plus en plus grandes. Cette notion est rendue incontestable par la rencontre de localités où le métamorphisme est déterminé par des eaux échauffées autrement que par la température de leurs gisemens souterrains.

Parfois elles éprouvent le contre-coup calorifique des poussées de roches éruptives émanées des laboratoires volcaniques et qui parviennent dans les régions plus ou moins superficielles de la croûte terrestre : ces poussées ou filons sont compris entre