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des terrains encaissans qui ont acquis les mêmes caractères minéralogiques que les sédimens les plus anciens.

Dans d’autres cas, les eaux souterraines ont bénéficié de réchauffement consécutif à la destruction des forces vives dans les refoulemens horizontaux qui engendrent, à coups de tremblemens de terre, la surrection des chaînes de montagnes.

Dans les trois cas, les calcaires soumis à cette chimie, où « l’eau suréchauffée » joue le plus grand rôle, passent à l’état de marbre, les sables à la condition de quartzites et les argiles à celle de schistes, d’ardoises et même de gneiss. Dans les trois cas, les couches de débris végétaux se transforment, d’après l’intensité ou la durée du régime éprouvé, en lignites, en houilles, en anthracites ou même en graphite suivant la durée et l’énergie des réactions.

Dès lors, le trait essentiel qui distingue ces roches combustibles des autres formations métamorphiques, c’est qu’elles sont d’origine organique ; c’est que la vie a présidé à leur élaboration première. À ce titre, elles méritent de nous retenir, à cause des considérations générales qui dérivent de leur examen.

A la vue des plantes en pleine végétation, on oublie bien aisément qu’il se passe en elles, en même temps que les phénomènes physiologiques normaux, une accumulation d’énergies dont l’intervention opportune, dans l’ensemble de la nature, détermine des effets tout spéciaux. Cette accumulation peut se conserver à longue échéance, beaucoup plus longue qu’on ne l’imaginerait, puisqu’elle embrasse normalement des séries entières de périodes géologiques. L’outil qui permet ce résultat n’a d’ailleurs aucune analogie avec les instrumens mis en œuvre dans le monde purement inorganique, et rien dans l’évolution de la planète ne pourrait remplacer la force biologique et remplir son rôle.

Cet outil, c’est la cellule microscopique, répétée des milliards de fois dans chaque plante et qui contient une substance particulière dite chlorophylle, à laquelle les feuilles et les jeunes rameaux, les calices et les fruits non encore mûris, doivent leur coloration verte. Placée en contact avec le gaz carbonique, résidu de toutes les respirations et avec l’eau vaporisée dont l’atmosphère est toujours imprégnée, cette matière verte sait employer la puissance qui lui vient du Soleil sous la forme de lumière, pour développer entre ces deux substances