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une merveilleuse réaction chimique. Merveilleuse est bien le qualificatif qui convient, car nos plus habiles chimistes sont incapables de l’imiter, même de loin, à moins de faire intervenir des conditions si brutales que la vie ne saurait s’en accommoder un instant. Elle consiste dans la soudure des trois élémens des deux corps réagissans, c’est-à-dire du carbone, de l’hydrogène et de l’oxygène, sous la forme de la substance essentielle des plantes qu’on appelle, suivant les cas, de l’amidon ou de la cellulose, et cela de telle façon qu’une partie de l’oxygène contenu dans les réactifs, se trouvant en trop, est rejeté dans l’atmosphère où il sert à notre respiration comme à celle des autres êtres vivans.

La cellulose, matière fondamentale des plantes dont elle forme le squelette, ne peut se produire sans déterminer la disparition d’une grande quantité de la chaleur du Soleil ; mais cette chaleur n’est pas détruite ; elle est seulement dissimulée, attendant quelque occasion favorable pour se manifester de nouveau, ce qui entraînera fatalement la destruction même de la substance dans laquelle il semble qu’elle soit condensée.

Quand nous brûlons des bûches de chêne dans une cheminée, nous nous chauffons, sans métaphore, aux rayons du Soleil qui a brillé une série d’étés pendant la croissance de l’arbre. Quand nous brûlons du charbon de terre, nous nous chauffons à la chaleur du Soleil qui brillait pendant les étés de l’époque houillère, il y a des millions de siècles, durant la croissance des fougères, des calamités, des lépidodendrées, des cycadées, des conifères et des autres arbres dont la substance s’est transformée en houille. Nous nous éclairons aux mêmes rayons solaires, quand nous allumons le bec où brûle le gaz fabriqué dans l’usine distillatoire ; et nous succombons aux effets directs de la même énergie, quand nous sommes pris dans un coup de grisou.

Il ne faudrait pas croire que l’intervention humaine, sans laquelle, nous l’avons déjà dit, il n’y aurait pas d’explosions de mines, soit nécessaire pour empêcher l’immobilisation à tout jamais de l’énergie solaire emmagasinée dans le sol. Au contraire, et nous venons d’une manière plus ou moins inconsidérée, sinon troubler, au moins modifier l’allure des phénomènes complémentaires qui toujours et de tous côtés constituent les cycles harmoniques de la nature.