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Sans nous, le combustible fossile subit fatalement les effets de la distillation souterraine : la chaleur rouge en est fatalement exclue, mais la circulation de l’eau chaude des profondeurs éloigne progressivement le bois de sa composition initiale, exactement comme faisait réchauffement rapide et brutal qui répond à nos besoins pressans. Et non seulement il se fait peu à peu de l’anthracite et du grisou, mais ces deux produits se brûlent à leur tour, par une combustion qui, pour être insensible d’ordinaire à la vue, n’en est pas moins démontrée par ses produits caractéristiques. La production d’acide carbonique à laquelle donne lieu l’exposition à l’air de la houille, aux tailles des galeries de mines, comme dans les cours des usines ou dans les soutes des bateaux, se reproduit sans variante sur le flanc des escarpemens naturels où des assises de combustible ont été ramenées au jour dans tant de localités de nos montagnes. On sait que c’est par ces « affleuremens » que les hommes ont été mis sur la voie de la découverte des gisemens souterrains. On sait aussi que la houille des affleuremens est de qualité inférieure : le contact de l’atmosphère la détruit peu à peu, et peu à peu libère les énergies qui lui avaient donné naissance. De sorte que les produits de tous genres, à l’élaboration desquels nous assistons sans cesse, résultent de causes plus variées qu’on ne le croirait d’abord, et parmi lesquelles figurent les différens genres de forces emmagasinées de tous côtés et sous toutes les formes.

De même, le grisou dont le dégagement est incessant au fur et à mesure des progrès de la distillation souterraine, qui imprègne certains bancs de houille, qui est retenu plus ou moins longtemps dans les fissures des roches voisines ou dans leurs pores, parvient toujours, peu à peu, par capillarité si l’on veut, jusqu’aux régions épidermiques du globe ; là, il rencontre les causes comburantes et, au cours de réactions plus ou moins compliquées, il ramène ses deux élémens, carbone et hydrogène, à l’état de gaz carbonique et de vapeur aqueuse, prêts, l’un et l’autre, à recommencer les mêmes circulations.

A côté de l’impression profonde résultant du spectacle d’une semblable activité, qui suppose d’une façon nécessaire l’établissement d’une harmonie parfaite entre les parties de la Terre où, sans gain, comme sans perte, les transformations sont incessantes, il est impossible de ne pas souligner encore une fois le