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Hors la « paix du Roi, » il n’y a ni sécurité, ni liberté : elle donne aux provinces leur prospérité, elle permet le libre jeu de leurs forces vives et, par là, elle fait progressivement l’unité du pays.


« Juger en ce temps, écrit M. Paul Viollet, c’est empêcher la guerre. » Le Roi est l’apaiseur, dit saint Louis. Il est le souverain juge de paix.

« Tous les particuliers, écrit M. Pfister, viennent s’adresser au Roi et il leur rend la justice. »

Les pages de Joinville sont célèbres.

Les bonnes gens désireux de voir régler leurs conflits se pressaient à la porte du palais. Saint Louis envoyait vers eux l’un ou l’autre de ses familiers qui s’efforçait de les accommoder : de là les plaids de la porte, qui ne tardent pas à produire la Chambre des requêtes. Que si ces officiers ne parvenaient pas à mettre les plaideurs d’accord, le Roi faisait venir ces derniers par devers lui.

« Le Roy, dit Joinville, avoit sa besogne réglée en telle manière que Mgr de Nesle ou le bon comte de Soissons et nous autres, qui étions autour de lui, qui avions ouï nos messes, allions ouïr les plaids de la porte qu’on appelle maintenant les requestes. Et quand il revenoit du moutier (église), il nous envoyoit querre et s’asseyoit au pied de son lit et nous faisoit tous asseoir autour de lui et nous demandoit s’il n’y en avoit aucun à expédier qu’on ne pût expédier sans lui ; et nous les lui nommions, et il les faisoit envoyer querre et il leur demandoit :

« — Pourquoi ne tenez-vous pas ce que nos gens vous offrent.

« Et ils disoient :

« — Sire, c’est qu’ils nous offrent peu.

« Et il leur disoit ainsi :

« — Vous devriez bien prendre cela de qui voudroit vous le faire.

« Et le saint homme se travailloit ainsi, de tout son pouvoir, pour les mettre en voie droite et raisonnable. »

Nous arrivons à la scène légendaire du bois de Vincennes :