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XIe et XIIe siècles elles se renouvelèrent sans cesse, — le Roi siégeait dans les camps, sous sa tente :


Dedens son tref de bon paile aufriquant
[Dans sa tente tendue de soie d’Afrique.]


A défaut de trône, le prince s’est mis sur son lit d’olyphant [ivoire]. Le sol est jonché d’herbes et de jonc.

Les chevaliers, les barons et les prélats, qui forment la Cour, sont groupés sans ordre « entour et environ, » la plupart assis par terre :


Gaydes se sist devant les pieds Naymon [aux pieds du duc Naymes]
Entre les jambes séoit au franc baron.


Il s’accoude sur ses genoux.

Mêlés aux chevaliers quelques évêques, puis des écuyers, des sergens, des « garçons. » Ces derniers se tiennent debout en arrière. L’assemblée compte deux cents têtes. Ceux qui ont à soutenir leur cause, se lèvent, fendent la presse :


Riolz le liève, cil qui Le Mans tenoit :
En tote France si sage homme n’avoit,
Ne qui mieux saiche le tort partir du droit,
Blanche ot la barbe et le chef comme noif [neige].
Départ la presse, si vint devers le Roi ;
« Droiz empereres, dist-il, entendez-moi... »


La partie adverse réplique :


Thiebaus se dresce, qui Aspremont tenoit,
Desrompt la presse, si vint devant le Roi :
« Droiz empereres.... »


Thiébaut était vêtu d’un manteau de drap gris, doublé de cendal d’André. Il le jeta à terre, par respect pour le souverain, et apparut sanglé dans son bliaud.

Enfin le Roi se lève pour prononcer la sentence. Il s’appuyait « au col d’un chevalier. »

La cause étant jugée :


De la cort [cour] partent les chevaliers de prix,
A lor très [tentes] vont li princes et li marchis.


En temps ordinaire la Cour se réduisait donc aux personnes