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que le hasard amenait auprès du Roi et à celles qui étaient attachées au palais par quelque office domestique. Mais considérons la complication grandissante des affaires et du droit avec l’accroissement du royaume. Montlosier en fait la remarque : « Des fiefs de divers pays et de diverses coutumes se réunissaient chaque jour à la couronne et compliquaient de plus en plus les affaires : on imagina d’appeler quelques juristes pour éclairer les points les plus épineux. Admis d’abord comme conseillers rapporteurs, ceux-ci trouvèrent le moyen de se faire adjoindre aux barons, c’est-à-dire aux conseillers jugeurs. » Les barons, les prélats, que de nombreuses occupations absorbaient par ailleurs, laissèrent une place de plus en plus grande aux hommes de loi, jusqu’au jour où ceux-ci occupèrent la Cour tout entière.

Ce Conseil, qui assiste le Roi dans ses fonctions judiciaires et bientôt le supplée, nous l’avons déjà rencontré. C’est le Conseil du Roi dont il a été question ci-dessus, car à l’origine il n’était pas divisé en sections et donnait ses soins indistinctement à la justice, à l’administration et aux finances. Conseil qui continue également d’être nommé la Cour du Roi. En droit, la Cour du Roi représente le Roi lui-même, qui est censé faire siennes les décisions de ses conseillers ; et, pour que nul n’en ignore, le Roi habille ceux-ci de ses propres vêtemens. « L’habit de MM. les présidens, écrit Duchesne, estoit le vray habit dont estoient vestues Leurs Majestez. » Robe, chape et manteau d’écarlate, fourrés d’hermine : exactement le vêtement des rois, et non seulement un vêtement semblable à celui des rois, mais les robes mêmes que les rois avaient portées et dont ils faisaient annuellement présent à leurs conseillers ; ainsi, jusque par leur costume, apparaissait de la manière la plus saisissante que, dans leurs fonctions, ils le représentaient. Le bonnet à mortier, dont les présidens au Parlement orneront leur tête, figurera lui-même, avec son cercle d’or, le diadème royal ; enfin, et ceci est des plus frappans, les trois rubans d’or, ou d’hermine, ou de soie ou d’autre étoffe, que les présidens au Parlement porteront boutonnés à leur épaule, y fixeront précisément le signe distinctif de la royauté : « Et pour regard des rubans, dit Duchesne, combien que ç’ait esté une coustume entre nos rois d’avoir plusieurs personnes habillées comme eux, d’autant qu’ils font coustumièrement communication de leurs