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II


(Pour deux soprani et deux contralti)

Oui, là-bas dans les profondeurs de l’Érèbe,
Là-bas où l’on va dans les flammes,
Tomberont les ténors et les basses,
Parce qu’il a été écrit par les saints prophètes
Ceux qui sont castrats seront heureux[1].


Pas plus que les interprètes, les auteurs mêmes, librettistes ou musiciens, ne sont épargnés par Marcello. Il dit leur fait aux premiers dans un Prologue et dans un Sonnet satiriques, dirigés contre le livret qu’un certain Benedetto Pasquerigo avait tiré du Pastor fido de Guarini. Enfin le célèbre, délicieux et toujours actuel opuscule Il teatro alla moda, s’adresse à tout le monde, j’entends à tout le monde du théâtre : « poètes, compositeurs de musique, musiciens de l’un et de l’autre sexe, joueurs d’instrumens, ingénieurs, peintres de décors, personnages bouffes, tailleurs, pages, comparses, souffleurs, copistes, protecteurs et mères de dames virtuoses, et toutes autres personnes faisant partie du théâtre. » « Satira gentilissima, » dit un commentateur ; un autre : « caricatura saporitissima. » Ils disent bien tous les deux. Sous une forme constamment plaisante, ironique parfois

  1. I

    (Per due tenori e due bassi)
    No, che lassù ne’cori almi e beati
    Non entrano castrati,
    Perché è scritto in quel loco
    ( i soprani interrompono)
    Dite che è scritto mai ?
    ( tenori e bassi rispondono)
    Arbor che non fa frutto arda nel fuoco
    ( i soprani gridano)
    Ahi ! Ahi !

    II

    ( Per due soprani e due contralti)
    Si che laggiù nell’Erebo profondo
    Ove nelle fiiimme vassi,
    Cadran tenori e bassi,
    Perche scritto già fù da sacri vati :
    Quei che castrati son, saran beati.