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mêmes du décret, n’est pas un organe permanent de travail, et j’en considère la permanence comme une nécessité, car les études importantes auxquelles elle devra se livrer ne doivent jamais être interrompues.

Personnellement, je suis partisan d’une solution tout autre. Étant donné que le gouvernement doit avoir une action sur la préparation et sur l’exécution de la guerre dans son ensemble, que la répartition des forces terrestres et navales entre les armées et entre les escadres est de son ressort, j’estime qu’il convient de mettre à sa disposition, non un conseil, mais un organe militaire permanent, qu’on appellera Etat-major de la Défense nationale ou autrement, mais un organe comprenant un chef qui dirige et des officiers qui travaillent incessamment sous ses ordres.

Ce chef aurait, en tout temps, à élaborer des plans de campagne dans les différentes éventualités à prévoir, comme de Moltke le faisait de 1857 à 1870 et à soumettre ces plans au gouvernement.

Les états-majors de l’Armée et de la Marine organiseraient leurs plans particuliers d’après les directions du gouvernement ainsi bien éclairé. Le chef d’état-major général de l’armée et le vice-amiral inspecteur général des escadres devraient être, à mon avis, les chef et sous-chef d’état-major de la Défense nationale ; on éviterait de la sorte toute cause de conflit entre eux et les états-majors de l’Armée et de la Marine. En cas de guerre, les deux officiers ci-dessus désignés iraient prendre le commandement de leur armée et de leur escadre ; mais tous les autres officiers de l’état-major de la Défense nationale restante Paris, l’organe continuerait à fonctionner régulièrement ; la tradition assurerait la continuité de vues nécessaires. Un conseil donne des avis généralement médiocres ; un état-major mûrit chaque question et la traite bien parce que c’est l’œuvre d’un seul homme, et non d’une collectivité.

Dans son rapport sur le budget de la Guerre de 1907, M. Messimy compte peu sur le Conseil supérieur de la Défense nationale, à l’égard duquel il s’exprime dans les termes suivans (p. 216) : « Les Commissions, dans leurs rares délibérations, sont impropres à jouer le rôle d’organe directeur et à donner l’impulsion unique si désirable ; à l’ère du désordre va succéder l’ère des Commissions interministérielles : il n’est pas certain que ce régime nouveau, quoique supérieur à l’ancien,