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Les patientes recherches de M. Levasseur ont démontré que la hausse affectait en réalité bien d’autres produits agricoles et notamment les alimens dont il a étudié les fluctuations de prix. Pour prouver que les cours de cette catégorie spéciale de denrées ont subi la même influence depuis la fin du siècle dernier, il suffit de citer les indices généraux, c’est-à-dire les nombres qui représentent les variations moyennes et générales depuis 1895. Aux chiffres qu’a obtenus M. Levasseur nous joignons ceux qu’a publiés M. Mardi, chef de la statistique générale de France.

Voici les deux colonnes dressées par ces auteurs, et les chiffres que nous ramenons à 100 pour l’année 1895 :


Nombres indices,

pour les denrées alimentaires.

«
D’après M. March. D’après M. Levasseur.
1895 100 100
1900 118 105
1901 113 106
1902 112 108
1903 112 108
1904 112 106
1905 118 109
1906 126 113
1907 119 116


La hausse des prix et la cherté des vivres est ici bien accusée et parfaitement précisée. On voit quelle est son ampleur, et l’on constate qu’elle s’est produite depuis dix ans.

Mais remarquons bien que ce phénomène économique d’une si haute portée exerce son action sur les matières premières industrielles aussi bien que sur les alimens. Il a donc pour caractère saillant la généralité, et il n’est pas moins certain que son action est persistante ; elle se fait sentir depuis le début de ce siècle, quelles qu’aient été les circonstances diverses climatériques ou économiques qui en ont atténué ou exagéré l’ampleur.

Pour achever cette démonstration et pour préciser le caractère principal de la hausse, il nous reste à prouver qu’elle n’est pas spéciale à notre pays.

En réalité, les preuves abondent. Le service de la statistique agricole à Washington nous fournit à cet égard des chiffres