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niveau actuel des cours reste, en effet, inférieur, dans la plupart des cas, à celui que l’on constatait, il y a trente ou trente-cinq ans, entre 1875 et 1880. Rien de plus facile que de faire cette comparaison, et, cependant, personne ne paraît y avoir songé.

On s’étonnait et l’on s’effrayait il y a quelques mois de relever sur nos marchés la cote de 27 et 28 francs pour le quintal de froment. Or, ce prix a été constamment dépassé depuis 1877 jusqu’à 1882[1]. Ce que nous disons ici du blé est vrai pour toutes les céréales sans exception.

Les ménagères protestent bruyamment en 1911 contre la cherté de la viande,*’et il est question de taxer cette denrée ! Les maires qui prétendent en fixer arbitrairement le cours, et les consommateurs qui pillent les boucheries n’oublient qu’une chose, c’est que la viande est aujourd’hui moins chère qu’en 1883. À cette date, la cote officielle du marché de La Villette nous donne le chiffre de 1 fr. 80 par kilogramme de bœuf, première qualité, et les cours de septembre dernier ne dépassent pas 1 fr. 72.

Nous parlions tout à l’heure de la laine, et nous signalions la hausse récente de cette matière première. Le type de laine fine cotée à Reims par M. Ch. Marteau a valu 4 fr. 80 par kilogramme de 1905 à 1908. Mais c’est là exactement la moyenne constatée de 1885 à 1889, et les cours s’élevaient à 6 fr. 05 de 1880 à 1885 !

En ce moment, disions-nous, le cours des soies a cessé de fléchir et même il se relève. En fait, ces prix restent bien inférieurs à ceux que l’on constatait entre 1875 et 1880. De 4878 à 1898, d’après M. Rondot, les soies ont subi une baisse de 38 pour 100 à 49 pour 100, baisse que la reprise récente des cours n’a pas encore compensée.

Nous avons cité plus haut les résultats des recherches faites par M. Levasseur à propos du prix des denrées alimentaires. Les nombres-indices calculés par notre regretté maître montrent clairement que la moyenne des prix entre 1900 et 1908 reste inférieure à celle de 1880. Des travaux analogues publiés[2] en

  1. Voyez pour ces statistiques et leur commentaire notre ouvrage : le Blé et les Céréales, chez Doin, 1910.
  2. Voyez l’Étude déjà citée de M. Levasseur, p. 12 ; les index-numbers relatifs aux denrées alimentaires et calculés à l’étranger s’y trouvent indiqués.