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de l’histoire des prix au XIXe siècle. Ce phénomène mérite même une étude spéciale, car il présente de frappantes et instructives analogies avec celui que l’on observe en ce moment.

Brusquement, à partir de 1850, les cours des grands produits agricoles tels que les céréales et le bétail subissent une hausse considérable et de tous points semblable à celle que nous constatons depuis quelques années. De 1831 à 1850, par exemple, le froment avait été coté 19 fr. 40 par hectolitre dans notre pays. Cette moyenne s’élève à 22 fr. 90 de 1851 à 1855, puis à 21 fr. 76, à 20 fr. 40, à 22 fr. 40, et enfin à 23 fr. 70 durant les quatre périodes quinquennales suivantes, de 1856 à 1875. Dans l’espace de sept ans, entre 1850 et 1856, le cours du bétail augmente de 61 pour 100 pour le bœuf, de 43 pour 100 pour le veau, de 50 p. 100 pour le mouton, et durant les années qui suivent, les cours ri ont pas fléchi. Ils se sont même élevés encore.

Nous pourrions multiplier les exemples, mais il nous paraît plus intéressant de démontrer que cette hausse n’était pas spéciale à la France. En Angleterre, le cours de la viande s’élève. Voici les prix du stone de 8 livres, à partir de 1856 :

¬¬¬

Bœuf Moutons
sh. sh.
1856-1860. 5,8 6,3
1861-1865. 6,0 6,8
1866-1870. 6,4 7,1
1871-1875. 7,2 7,7


Dans ce pays comme en France, le cours de la laine augmente rapidement de 1850 à 1865, et il ne s’abaisse après cette dernière date que pour se relever ensuite de 1870 à 1874.

M. Levasseur constate d’ailleurs que la hausse dont nous parlons a été très générale de 1849 à 1857 et n’était pas spéciale aux produits agricoles. « La tendance, dit-il[1], a été fortement à la hausse et les nombres-indices de M. Sauerbeck ont passé de 74 à 105.

« Dans une troisième période (1857-1873) les prix sont restés à peu près au même niveau, excepté en 1864 et dans les

  1. Étude déjà citée, p. 49.